Titre : Un général, des généraux
Scénariste : Nicolas Juncker
Dessinateur – Coloriste : François Boucq
Coloriste : Alexandre Boucq
Éditeur : Le Lombard
Parution : Février 2022
Prix : 22,50€
1958. La IVe République est embourbée en pleine guerre d’Algérie. À court d’idées, l’Assemblée Nationale décide d’investir Pierre Pflimlin au poste de Président du Conseil. Ce dernier serait prêt, dit-on, à engager des pourparlers avec le Front de Libération National, ce qui ne fait qu’amplifier la grogne de la population qui manifeste devant le bâtiment du gouvernement général occupé par des putschistes qui ont créé un comité de salut public pour sauver l’Algérie, pour sauver la France. Algérie française ! Comité dont un certain Lagaillarde, un étudiant nostalgique de l’armée, offre la tête au général Massu. Le général Salan, Commandant Supérieur Interarmées à Alger, qui vient de se voir accorder les pleins pouvoirs militaires par le Conseil, a “le cul entre deux chaises”. D’un côté, il doit maintenir l’ordre au nom du gouvernement français et, de l’autre, il essaie de rester en vie. Et pour cause, quelques jours auparavant, son appartement a été détruit par deux tirs de bazooka. Les militaires sont dépassés par les événements et prennent part à cette révolution pour essayer de la contenir de l’intérieur. Cependant, un nom revient souvent ces derniers temps. Celui du général De Gaulle. Serait-il possible qu’il soit l’homme providentiel par qui viendrait la solution alors que cela fait douze ans qu’il coule une retraite paisible à Colombey-les-Deux-Églises ?
Cet album était très attendu et la patience du lecteur se voit largement récompensée. En effet, Nicolas Juncker (Octofight) et François Boucq (Janvier 2015 – Le procès) livrent une performance de haut vol. L’angle d’approche humoristique choisi par le scénariste pour traiter ce pan dramatique de l’Histoire française est des plus judicieux. Cela permet de donner beaucoup de légèreté au récit et donne lieu à des situations grand-guignolesques des plus savoureuses. En ce qui concerne le fond, difficile de ne pas constater l’énorme travail de recherche documentaire réalisé par l’auteur en ce qui concerne les différents protagonistes mais aussi sur les événements en eux-mêmes. D’ailleurs, un dossier de cinq pages agrémentées de photos d’époque vient étayer les propos au terme des 132 planches de ce one shot. Le scénario est sur mesures pour François Boucq dont le talent et la vitalité graphique œuvrent à merveille. Le dessinateur fait ressortir tous les traits de caractère des personnages dans son interprétation. Les caricatures sont parfaitement maîtrisées et ne dépassent pas les limites qui les rendraient indigestes. Un soin particulier a été apporté aux décors qui se devaient d’être en phase avec la période évoquée. Du grand art ! Tout comme la première case de la dernière page qui fait écho à la case d’ouverture où l’on voit le général De Gaulle bras tendus à Colombey-les-Deux-Églises. La mise en couleurs à quatre mains réalisée avec Alexandre Boucq est au diapason.
Une pépite mêlant habilement humour et Histoire.
Stéphane Girardot
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