- Titre(s) : Sang neuf
- Scénariste(s) - Dessinateur(s) - Coloriste(s) : Jean-Christophe Chauzy
- Editeur(s) : Casterman
- Parution : Mars 2024
- Prix : 26,90 €
- EAN : 9782203250994
Avril 2020. Alors que toute la population est confinée suite à la pandémie de la Covid-19, Jean-Christophe Chauzy intègre quant à lui une chambre stérile du service hématologie de l’hôpital de Lyon Sud pour y subir une intervention dont il ne connaît pas l’issue. En début d’année, on lui a diagnostiqué une myélofibrose de niveau 3, le stade le plus élevé de la maladie, et son pronostic vital est engagé car sa moelle osseuse ne produit plus de plaquettes. La greffe est sa seule chance de survie, encore faut-il trouver un donneur compatible pour la tenter. Heureusement, le sang de sa sœur Corinne matche à 100 % avec le sien. Dès lors, impossible de reculer car il y a urgence. S’engage alors un violent combat contre la maladie bien sûr, contre l’angoisse, la peur de mourir et d’abandonner ses amis, ses collègues mais surtout ses proches : ses parents, son frère, sa sœur, ses fils et son amour avec laquelle il venait juste de terminer la rénovation de leur appartement. Ce livre est le témoignage de cet épisode douloureux de sa vie.
N’y allons pas par quatre chemins, ce roman graphique est à la fois bouleversant et d’une force colossale, un véritable coup de cœur qu’il faut absolument lire et faire partager au plus grand nombre. C’est tout simplement vital, à l’instar d’À cœur ouvert de Nicolas Keramidas dans la même veine. D’autant plus lorsque l’on sait que Jean-Christophe Chauzy a quand même mené à bien Par la forêt, son projet avec Anthony Pastor, alors qu’il était déjà en train de lutter et de subir les effets de cette maladie foudroyante qui l’a touché. Avec Sang neuf (un titre d’une symbolique lumineuse), l’auteur peut nous raconter cette tranche de son histoire car il est en rémission. Il a d’ailleurs parfaitement réussi à retranscrire les termes complexes qu’il a entendus et les émotions de tous types qu’il a ressenties à travers des textes simples et des illustrations explicites qui alternent entre le noir de l’encre de Chine et le rouge, tous les deux sangs de l’auteur au second et premier degré. La couleur directe, que l’illustrateur affectionne particulièrement, n’est utilisée qu’en fin d’album, au cours de la dernière séquence qui est synonyme de respiration et de vie possible après ce chaos. Cette bande dessinée est un exercice de style périlleux, douloureux et difficile, et un exutoire cathartique autant qu’un vibrant hommage à toutes les personnes qui ont entouré Jean-Christophe Chauzy et l’ont aidé dans sa guérison : ses proches – sa sœur en première ligne, et on sait pourquoi ! – et tout le personnel hospitalier qu’il ne manque pas de mettre en avant dans son récit et qui a toute sa reconnaissance.
Un chef d’œuvre issu de la douleur qui va droit au cœur !
Stéphane Girardot
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