
© 2021 Casterman
Titre : Par la forêt
Scénariste : Anthony Pastor
Dessinateur – Coloriste : Jean-Christophe Chauzy
Éditeur : Casterman
Parution : Octobre 2021
Prix : 23€
Une jeune femme pénètre dans une forêt avec son casque sur les oreilles. Non pas pour courir car elle déteste cela mais afin d’essayer de ressentir, d’écouter et de rentrer dans la peau d’une joggeuse disparue il y a trois ans de cela au même endroit. Cette disparition était sa première enquête. Une affaire que la policière ne se résigne pas à clore et sur laquelle elle travaille encore en dehors de ses heures de service. Elle l’obsède tellement qu’elle a même poussé le vice à louer la maison d’un lotissement pavillonnaire, située à la lisière du bois, dans laquelle vivait la victime. Et c’est à partir de ce moment-là que tout a changé avec Kylian, son collègue et petit ami. Menant son investigation entre deux univers bien distincts et différents, elle pose des questions à un voisin et une voisine, qui ont l’habitude de promener leurs chiens près de la sylve, et deux exclus, la mère de la joggeuse et un ornithologue amateur suspecté un temps par les forces de l’ordre, qui sont devenus des marginaux volontaires et vivent dans la forêt. Trouvera-t-elle ce qu’elle recherche réellement au cœur de la forêt ?
Pour sa première collaboration avec un dessinateur dans sa carrière d’auteur complet, Anthony Pastor propose un roman graphique qu’il définit lui-même comme étant un polar poétique. Ce récit d’ambiance assez hypnotique et captivant véhicule parfaitement le mal-être des personnages et leur incapacité à se comprendre, à se parler, grâce à des dialogues courts et incisifs ainsi qu’à des postures bien définies, voulues par le scénariste. Ajoutons à cela cette voix off qui s’invite régulièrement et répète les mêmes mots, une sorte de mantra, épaississant ainsi le mystère. Le créateur de No War impose la lisière du bois comme zone de contact entre un nombre de protagonistes assez restreints – mais haut en couleurs – dont très peu sont nommés : le couple de policiers, les deux retraités promenant leurs chiens, les deux marginaux et la joggeuse Lucie. Une manne pour Jean-Christophe Chauzy qui réalise une prestation graphique une nouvelle fois époustouflante où les contours disparaissent sous l’aquarelle à l’instar de ce que l’on a pu apprécier dans Le Reste du monde. Les décors sont remarquablement caractérisés : des paysages rectilignes pour les séquences urbaines avec des couleurs intenses et une forêt née notamment des imprévus et des accidents du liquide où la luminosité est éclatante, qui ressort réellement comme une actrice à part entière de cette (en)quête de plus de 150 planches.
Un remarquable roman graphique réalisé de main de maître par deux grands auteurs du 9e Art !
Stéphane Girardot
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2 Responses à “Par la forêt”