Titre : La Chair et le sang
Scénariste : Blandine Le Callet
Dessinatrice – Coloriste : Nancy Peña
Coloriste : Céline Badaroux-Denizon
Éditeur : Casterman
Parution : Août 2019
Prix : 18€
Suite à la mort de Pélias, Médée et Jason quittent royaume de Iolcos et décident, après une longue fuite, de demander à Créon, Roi de Corinthe, de leur offrir l’hospitalité. Une décision prise pour préserver l’état de santé de Médée, enceinte, et ce malgré la menace représentée par Acaste qui est certainement à leur recherche. Le couple est accueilli sans trop de difficulté à la cour car Jason offre, en échange, de servir le seigneur des lieux avec un entier dévouement. En gage de son allégeance, le héros lui donne les plans de l’Argo et propose de lui construire la flotte la plus puissante qui ait jamais existé. Cependant, Créon se méfie de la barbare et prévoit de la faire surveiller discrètement en ne perdant pas de vue qu’il devra s’en débarrasser à un moment ou à un autre. Après la naissance de Phérès et Merméros, de nombreuses années passent sans que rien ne vienne troubler la quiétude ambiante. Malheureusement, calomnies et trahison vont mener Médée à commettre le pire, l’obligeant ainsi à fuir de nouveau vers Athènes auprès du Roi Égée, pour un temps, puis sur cette île mystérieuse où elle livre les détails de sa véritable histoire.
La Chair et le sang est un « masterpiece » à tout niveau ! Si l’on connait un tant soit peu la mythologie grecque, l’histoire de Médée est familière. Et cette relecture du mythe réalisée par Blandine Le Callet est d’une finesse remarquable. Sans être là pour réhabiliter ni juger Médée, la série donne une autre vision des événements. Ce quatrième et dernier tome en est le climax. En effet, avec une pagination proche du double album (104 planches au total), la scénariste propose un récit haletant en deux chapitres axés sur la vie de Médée et Jason à Corinthe après la fuite d’Iolcos suivie de celle de la colchidienne avec Égée à Athènes. Chaque phase portant en elle son lot de trahisons, de manigances, de déceptions, de souffrances mais aussi de l’amour sincère. L’approche de l’auteure est à la fois fidèle et personnelle avec une intensité dramatique, qui monte crescendo, parfaitement maîtrisée. Et ce, même s’il n’y a pas de char tiré par des dragons pour conduire Médée auprès d’Égée à Athènes. Le côté fantastique est présent mais atténué pour plus de réalisme. L’interprétation graphique de Nancy Peña (Madame) est toujours plus immersive à chaque album. La dessinatrice livre ici une performance d’une qualité exceptionnelle en termes de légèreté, de précision, de densité et d’émotion. Bien aidée en cela par une subtile mise en couleurs qu’elle assure à quatre mains avec Célie Badaroux (Le Tailleur de pierre). Notez également le mouvement et la métamorphose de Médée proposés à travers les quatre couvertures, posées côte à côte, qui sont tout à fait significatives du contenu dans sa globalité.
Un final mené de main de maître qui tient toutes ses promesses.
Stéphane Girardot
Réagissez !
2 Responses à “Médée #4”