Titre : Lisa et Mohamed
Scénariste : Julien Frey
Dessinatrice – Coloriste : Mayalen Goust
Éditeur : Futuropolis
Parution : Avril 2021
Prix : 20€
Etudiante à Paris, Lisa doit rapidement trouver un logement pour poursuivre son année à l’université. Plutôt que d’accepter l’invitation de son petit ami à le rejoindre dans son appartement, la jeune femme préfère avoir un minimum d’espace personnel pour ne pas échouer une nouvelle fois. La proposition d’un ami de vivre chez son père en échange de lui tenir compagnie s’impose comme la seule solution. Mais Mohamed, brave retraité sous son air bougon, ne lui facilite pas la vie. En découvrant des éléments de son passé de harki, Lisa tente de le comprendre et de l’apprivoiser…
« C’est à cause de la guerre que vous ne sortez quasiment pas de chez vous?
– C’est parce que vous connaissez pas votre père que vous êtes curieuse comme ça? »
Chacun auteur de récits d’une grande force et d’une grande sensibilité à la fois, Julien Frey (Michigan) et Mayalen Goust (Vies volées) semblaient destinés à se retrouver un jour ou l’autre sur un projet commun. Ce n’est donc pas surprenant de les voir se rejoindre sur une histoire mettant en valeur le destin brisé des harkis, rejetés par la France et l’Algérie et toujours traités avec mépris par les deux pays. Le scénariste profite de ce récit intimiste entre deux personnages touchants pour rappeler qui sont ces Algériens ayant pris les armes contre leurs frères, un choix qui n’en était pas vraiment un, ce qu’il est capital de souligner. Toujours interdits de revenir sur leur terre natale, discriminés en Algérie pour ceux qui n’ont pas pu rejoindre la France, leur situation reste aussi douloureuse des décennies plus tard. La dessinatrice apporte à ce passionnant album sa touche personnelle, d’une douceur constante qui n’empêche pas de souligner la violence de quelques scènes. Malgré son sujet, le positivisme qui s’en dégage fait du bien et laisse augurer d’un avenir enfin apaisé.
Une histoire poignante et sobre qui remet sur la table l’histoire douloureuse des harkis.
Arnaud Gueury
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