Titre : Une quête intérieure tout en extérieur, histoire de ne pas salir chez soi
Scénariste – Dessinateur : François Boucq
Coloriste : Alexandre Boucq
Éditeur : Le Lombard
Parution : Avril 2019
Prix : 20,50€
Après moult va-et-vient dans le miroir à échanger sa place avec son reflet afin de retrouver son visage perdu durant son sommeil, Jérôme Moucherot prend une décision cruciale. Ou bien est-ce son reflet ? Bref ! Quoiqu’il en soit, il veut entamer une quête intérieure pour se retrouver. Mais comme son truc ce sont les grands espaces et les horizons infinis, il la fera en extérieur pour éviter de salir la maison. Ce qui convient parfaitement à Madame Moucherot qui l’encourage. Et il n’est pas au bout de ses surprises car une quête de soi n’est pas de tout repos. L’agent d’assurances devra ainsi faire face à des animaux féroces, une meute de secrétaires de direction nymphomanes, croisera un drôle de monstre ailé, traversera un orage orgasmique, se rendra au sommet du Nombril du Monde (haut lieu du nombrilisme), atterrira ensuite au Trou du Cul du Monde (situé à l’exacte verticale du Nombril du Monde), mettra le pied sur l’île d’Opaque (où il n’y verra pas mieux !), sera poursuivi par une ligne d’horizon avant d’être aspiré à l’intérieur de lui-même. Mais avant de rentrer à la maison pour retrouver sa femme et ses enfants, il lui restera encore un bout de chemin à parcourir. En somme, rien d’insurmontable pour le Tigre du Bengale !
Est-ce parce que cela fait longtemps que nous n’avons pas vu le Tigre du Bengale et son costume-léopard (Le Manifeste du mâle dominant en octobre 2012) ? Est-ce parce qu’il s’agit de sa quête intérieure qui de surcroît se passe originalement à l’extérieur dans la jungle luxuriante ? Est-ce parce que la pagination est inhabituelle et conséquente pour une aventure de l’agent d’assurances ? Ou alors est-ce tout simplement à cause du génie de son créateur qui sait aborder des sujets importants de manière sérieuse mais avec une certaine désinvolture ? En fait, il y a un peu de tout cela dans l’idée que ce sixième opus de Jérôme Moucherot soit un des meilleurs voire le meilleur de la série. Une lecture jubilatoire et toujours aussi entraînante proposée par François Boucq (Face de lune) où l’intérêt du lecteur est capté très rapidement par l’histoire mais également par le trait et la mise en couleurs qui est « évolutive » tout au long de l’album. En effet, cette dernière, réalisée par Alexandre Boucq (Layla – Contes des marais écarlates), retrouve ses teintes habituelles au fur et à mesure de l’avancée de la quête. C’est assez logique mais encore fallait-il le faire ! Tout comme la séquence où le héros n’est plus que conscience et se concentre pour reprendre forme à partir d’un point ! Et franchement, l’auteur nous régale avec le Nombril du Monde situé à l’exacte verticale du Trou du Cul du Monde. Un double-sens tellement drôle ! Pour parachever l’album, François Boucq présente quelques peintures à « la sauce Jérôme Moucherot » qui sont autant d’hommages à des artistes, anciens ou contemporains, et aux grands courants du XXème siècle. Et ce juste après la séquence finale qui fait écho à celle d’ouverture : la boucle est bouclée dans les règles de l’Art !
Un pur bonheur que cette quête intérieure tout en extérieur !
Stéphane Girardot
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