Titre : Les Deux Géants
Scénariste : Dugomier
Dessinateur – Coloriste : Benoît Ers
Éditeur : Le Lombard
Parution : Février 2017
Prix : 10,95€
Les Allemands ont autorisé l’organisation d’une cérémonie pour les funérailles du père de François durant laquelle, hésitant, Eusèbe demande à son ami s’ils doivent continuer à résister. Ce à quoi François répond oui sans hésiter. Eusèbe entame alors une « Marseillaise » que tous reprennent en cœur. Cette action du jeune garçon provoque la colère des militaires teutons mais aussi et surtout, une certaine fierté chez le « Grand Marnier » qui ne peut pas avouer à son fils son implication dans le passage en zone libre des prisonniers français évadés. Si lui aussi savait ! Malgré la tragique disparition de « Lelibre », les enfants sont plus déterminés que jamais à reprendre leurs activités de résistance et à faire parler du « Lynx ». Notamment en prenant part à des actions de plus en plus dangereuses en collaboration avec « Pégase », un agent de Londres. Cependant, une ombre vient s’ajouter au tableau. L’oncle de François, sympathisant du Maréchal Pétain, souhaite ardemment reprendre la ferme de son frère fusillé. De plus, en cette année 1941, les jeunes résistants doivent appréhender ce que sont le communisme et le capitalisme car deux géants entre dans la guerre : l’URSS et les États-Unis.
Ce n’est pas une surprise si nous vous disons que ce troisième opus des Enfants de la Résistance est excellent. Dugomier poursuit le développement des pérégrinations de plus en plus dangereuses des trois jeunes résistants que sont François, Eusèbe et Lisa où le souci de précision historique est au centre des préoccupations. Tous les événements qui se déroulent dans Deux Géants sont d’ailleurs, une nouvelle fois, corroborés et approfondis dans un dossier comprenant des illustrations de Benoît Ers ainsi que des photos d’époque en fin d’album. Un appendice supplémentaire minutieusement préparé par le scénariste et mis en place depuis le début qui conforte la portée pédagogique de la série. Outre les moments clés de la Seconde Guerre Mondiale, l’auteur s’attache également à dépeindre la vie au quotidien durant cette période trouble. Il y est notamment question de succession, d’apprentissage de la politique, d’école, des réactions vis-à-vis de la propagande (récolte du cuivre, enrôlement de français dans l’armée allemande…), de cohabitation avec les « pro-Maréchal Pétain » ou encore de sentiments. Un univers très riche avec des personnages bien travaillés où le dessin de Benoît Ers (Tueurs de mamans) fait merveille. Le trait semi-réaliste de ce dernier – rond et fin – dégage une force supplémentaire en regard de Premières actions et Premières répressions. Un sentiment exacerbé par une mise en couleurs aux teintes d’antan des plus justes. Une rigueur graphique qui se fait l’écho parfait de celle présente dans les écrits. Avec La Guerre des Lulus, Rescapés de la Shoah et Les Enfants de la Résistance, nos progénitures ont une chance inouïe d’apprendre en se divertissant selon un point de vue qui les touche : le leur.
Un album maîtrisé de la première à la dernière page par deux auteurs impliqués et ô combien talentueux.
Stéphane Girardot
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