Titre : Circuit court
Scénariste : Matz
Dessinateur – Coloriste : Luc Jacamon
Éditeur : Casterman
Parution : Octobre 2020
Prix : 11,50€
La mission de Barbara, Denis, Nicolas et Adil se déroule bien pour l’instant. Ils ont réussi à provoquer une guerre des gangs, après avoir éliminé Nabil et Marc, afin qu’Adil, infiltré, grimpe les échelons et qu’ils trouvent les armes et ceux qui les veulent. Les flics chargés de l’enquête ne voient aucun inconvénient à ce que tous ces truands soient refroidis. Cependant, Eddy a une intuition. Pour lui, il y a quelque chose qui cloche dans le dernier règlement de comptes. Les cartons sont bien trop jolis pour être honnêtes. Des tirs en plein front ou plein cœur mais pas d’arrosage à l’aveuglette comme en font d’habitude ces lascars. Par contre, pour le suivant, tout est conforme avec les profils. Denis, quant à lui, continue de jouer le jeu dans la société où son job sert de couverture. Il flirte notamment avec Lydie, la fille des R.H., pour paraître moins solitaire et donc moins suspect. Cependant, la mission prend une tournure inattendue suite à l’intervention télévisée de Marchand, le maire de la ville, pressenti pour être Ministre de l’intérieur ! Lui, dans les hautes sphères du pouvoir alors qu’il est loin d’être le modèle de vertu qu’il veut faire paraître. La reprise des affaires par Mathurin, un enragé de la gâchette, n’arrange en rien la suite des opérations.
Matz, dont le cinquième volume de Tango est sorti récemment, poursuit le développement de la mission de Denis dans les conditions impliquées par sa récupération par la DGSE. Son héros s’aperçoit que les communautés urbaines sont un terrain d’action tout aussi musclé que ceux où il avait l’habitude d’évoluer lorsqu’il était à son compte. À travers lui et son cynisme à toute épreuve, le scénariste dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Tout cela par le biais de hors-textes en voix off ciselés et ultra léchés en parallèle de l’action pure. Leur contenu est tellement vrai que l’on ressent presque une gêne à être quelque part mis à jour aussi froidement ! Ces réflexions/phases philosophiques du tueur abordent de nombreux thèmes judicieusement en phase avec la trame du récit et apportent toujours plus de corps au personnage. Ainsi, Matz nous régale et réalise un sans-faute qui présente absolument toutes les qualités des meilleurs thrillers. Une intrigue au mécanisme bien huilé et aux nombreux coups de théâtre que Luc Jacamon met en images avec bonheur mais surtout une efficacité redoutable. Le trait, les cadrages, les ambiances et la mise en couleurs du dessinateur sont largement au diapason des intentions scénaristiques.
Un vrai régal !
Stéphane Girardot
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