Titre : Acte 2
Scénariste : Matz
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Jean-Marc Rochette
Coloriste : Isabelle Merlet
Éditeur : Casterman
Parution : Juin 2020
Prix : 18€
Alors que la phase 2 dite des « bulles noires » des Apocalypsters finit d’achever le monde, le train aux mille et un wagons poursuit sa mission qui est de récupérer ceux qui ont des billets pour le voyage. Du moins, ceux qui sont encore en vie et qui savent où aller, car le parcours du Transperceneige a changé en regard de l’évolution de la situation. Ainsi, c’est une course contre la montre qui s’engage pour Jimmy et son père qui, partis de Sedona et arrivés à Flagstaff, doivent repartir vers le sud non sans croiser sur leur route un certain Carson qui ne recule devant rien pour sauver sa peau. À bord de « l’Arche de Noé 2.0 », Monsieur Zheng voit son utopie s’effondrer peu à peu car il y a de plus en plus de personnes qui veulent monter dans le train sans billet et son service de sécurité est débordé. De plus, une fois à bord, la vraie nature de chacun ressort et provoque des cas de figure que le milliardaire n’avait pas envisagés. En conséquence, il faut déjà rationner les passagers et réaménager les espaces. Heureusement, il peut s’appuyer sur Lakshmi, récemment embarquée lors de l’escale à New Delhi, pour maintenir le dernier vestige de la civilisation. En Amazonie, les espoirs des Apocalypsters disparaissent au moment même où la paranoïa et la folie de leur leader s’expriment enfin pour asseoir le démiurge qu’il pense être.
Le deuxième acte de ce préquel confirme – s’il en était besoin – tout le bien que nous pensions de lui dès son premier volet. En effet, Matz (Tango) et Jean-Marc Rochette (Ailefroide) développent le début du voyage du Transperceneige (la récupération des passagers avec billets) ainsi que la fin de l’Humanité de façon significative et avec une maestria des plus marquantes… et des plus angoissantes. Que ce soit le parcours du jeune Jimmy et de son père pour rallier leur point de rendez-vous, les exactions de Carson et Vassili pour monter à bord, l’évolution de la situation dans le train et à l’extérieur, la panique lors de chaque arrêt en gare, tout est prenant et plonge littéralement le lecteur dans cet univers post-apocalyptique tant il est écrit de manière plausible. Les auteurs exacerbent à juste titre la propension de l’Homme à redevenir une bête dans certains cas. Et que dire de ce qui se passe en Amazonie chez les Apocalypsters ? Dès lors, une phrase de Lakshmi, passagère embarquée à New Delhi, en page 33 marque les esprits : « Personne n’est préparé à jouer le rôle de Dieu. Sauf peut-être un fou… » et prend tout son sens avant la fin de l’album. Si Monsieur Zheng et Marcio jouent à être Dieu en utilisant des voies différentes, vous découvrirez avec effroi qui est le fou dans l’histoire. Jean-Marc Rochette interprète cette partition engagée avec toute sa force et tout son talent par le truchement d’un dessin très charbonné, à l’instar du premier opus. Un graphisme homogène et immersif au plus au point où l’approche de la peinture et les cadrages cinématographiques jouent un rôle primordial. Saluons la mise en couleurs au diapason posée à quatre mains en partenariat avec Isabelle Merlet. Et n’oubliez pas de regarder l’adaptation du film orchestrée par le showrunner Graeme Manson disponible depuis le 27 mai sur Netflix !
Un chef d’oeuvre du genre.
Stéphane Girardot
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