Titre : Justicier malgré lui
Scénariste : Fabien Vehlmann
Dessinateur : Yoann
Coloriste : Fabien Alquier
Éditeur : Dupuis
Collection : Tous Publics
Parution : Février 2020
Prix : 13,95€
Mais ! Que font toutes ces silhouettes masquées que l’on croirait venues d’Amérique sur les toits de Bruxelles ? Est-ce bien la capitale de l’Europe ? Le responsable de cette bizarrerie n’est autre que Spirou ! Comme nous l’explique Spip, mué en narrateur décalé, notre héros est en proie au doute. Son mode de vie d’aventurier est incompatible avec ses croyances écologiques. De plus, bien qu’ayant eu une longue carrière et un journal à son nom, il est aujourd’hui un peu oublié des plus jeunes. D’aucuns diraient qu’il est devenu ringard ! Il a alors eu l’idée d’inventer Supergroom avec la complicité de son vieil ami le comte de Champignac pour « faire le buzz » et ensuite révéler au monde sa véritable identité, histoire de prouver que certains vieux héros franco-belges sont loin de la retraite ! Hélas, à force de maladresses, le plan ne s’est pas déroulé comme prévu, et cette affaire va bientôt le dépasser…
Entrevu dans les pages du journal Spirou depuis 2016, Supergroom a droit ici à son premier album. Un peu né d’une blague, ce personnage est finalement devenu l’exutoire que tant d’auteurs précédents de Spirou et Fantasio ont réclamé (et souvent obtenu). Libérés des canons classiques, Fabien Vehlmann et Yoann situent néanmoins l’album juste après leur dernier Spirou classique (La Colère du Marsupilami). C’est un peu leur Machine qui rêve, mais pas assumé pleinement pour l’intégrer à la série-mère. Le mélange des genres est intéressant, Fabien Vehlmann arrivant plutôt bien à traiter des thèmes qui lui sont chers d’habitude (écologie, humanité) en les gonflant à la sauce super-héros riche en action et moments dramatiques. Graphiquement, malgré quelques incohérences dommageables (comme Spirou sortant de l’eau d’abord bien coiffé puis ensuite tout mouillé), Yoann nous gratifie d’un trait très expressif collant bien avec l’esprit de cette nouvelle série. Il n’a pas à se forcer pour entrer dans le moule des albums classiques et adopte un style plus personnel rappelant Les Captainz ou même le premier one-shot de Spirou (car rappelons que ce sont ces mêmes auteurs qui ont mis le pied dans la fourmilière en inaugurant la collection parallèle). Le choix d’adopter le format comics resserré en taille, plus long qu’un album franco-belge et donnant la part belle à l’action, s’est avéré judicieux. Le pari est aussi pour les auteurs d’amener une nouvelle génération à s’intéresser à ce héros classique franco-belge. Y parviendront-ils ? L’avenir le dira. En attendant, si Spirou et Fantasio pouvaient revive une aventure classique et unanimement saluée, les fans historiques apprécieraient. Mais est-ce un rêve utopiste ? Le plus gros défaut de cet album est de repousser ce moment.
Un « comics franco-belge » plein de malice et pas déplaisant (mais déroutant dans un contexte où l’on s’inquiète un peu de l’avenir « conventionnel » du célèbre groom).
Nicolas Raduget
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