- Titre(s) : La Mémoire du futur
- Scénariste(s) : Sophie Guerrive & Benjamin Abitan
- Dessinateur(s) : Olivier Schwartz
- Coloriste(s) : Alex Doucet
- Editeur(s) : Dupuis
- Parution : Octobre 2024
- Prix : 12,50 €
- EAN : 9782808503280
Spirou vit-il encore ? Alors qu’on craignait le pire, il se réveille en 1958, chez Herbert d’Oups en compagnie de Fantasio, du comte, de Spip et du Marsupilami ! Est-ce qu’il a perdu la boule ? Hormis ce problème temporel dont il est le seul à se soucier, qui lui permet de visiter l’Exposition universelle de Bruxelles, plusieurs éléments ne collent pas avec la réalité, à commencer par ce train fantôme qui le met face à des ennemis rencontrés bien après cette date et, pire, l’apparition d’un deuxième Fantasio qui semble vouloir l’avertir d’un danger ! Pas de doute, il est vivant, mais coincé dans l’une des bulles virtuelles de Korallion… Et si une vieille connaissance était derrière tout ça ?
Ouf ! Personne n’y croyait vraiment, mais La Mort de Spirou était un leurre. Cette suite permet de répondre aux nombreuses questions que la première partie avait laissé en suspens. Il signe également le retour de Cyanure en machine infernale qu’il ne fait pas bon croiser. Nous sommes ravis de la retrouver. Plus que jamais, la « série-mère du Spirou-verse » oscille entre tradition et modernité. Graphiquement, le style rétro d’Olivier Schwartz est adapté à cette histoire qui fait des bonds dans le passé et laisse place à de longues séquences oniriques parfois épiques. De ce point de vue-là, les scénaristes se font peut-être un peu trop fait plaisir, se permettant les pires horreurs tant qu’elles sont virtuelles, mais ils confrontent la série avec les problèmes de leur temps, de l’IA à la place du héros. Ce n’est pas forcément ce qu’attendent les nostalgiques des grandes aventures exotiques et plus faciles à suivre de la série, qui se consoleront avec cette belle couverture à fond jaune façon âge d’or, mais c’est une réflexion qui a du sens et qui pourra peut-être attirer la jeunesse et les vieux lecteurs curieux. Tous pourront aussi apprécier un humour renouvelé et convaincant. Après ce diptyque d’ouverture ambitieux et cérébral, le prochain album, scénarisé par Sophie Guerrive seule, devrait se dérouler à Champignac dans un état d’esprit plus burlesque. Il nous tarde de le découvrir.
Tentant de surnager au milieu du flot de hors-séries classiques ou atypiques, la nouvelle équipe de la série historique nous fait rêver en même temps que les personnages !
Nicolas Raduget
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7 Responses to “Spirou et Fantasio #57”
21 octobre 2024
BlackBoomerangOuah! Enfin une critique positive sur cet album. Sérieusement, je ne comprends pas pourquoi il a été tellement détesté. Je l’ai adoré et je trouve ta critique réellement objective et très juste contrairement à d’autres (aussi bien du côté presse que public) que je trouve emplies de mauvaise foi.
En plus, je trouvais que Tome et Janry avaient gâché le potentiel de Cyanure et je trouve qu’Abitan, Guerrive et Schwartz ont eu une excellente idée en la faisant revenir dans les albums. Heureusement que Cyanure est apparue aussi dans la série ‘Spirou 1993’ sinon tout le monde l’aurait oubliée.
Je trouve ça bien que, comme tu dis, Abitan, Guerrive et Schwartz semblent chercher à « peut-être attirer la jeunesse et les vieux lecteurs curieux. ». Ca permettrait à ‘Spirou et Fantasio’ d’être davantage connu pas seulement de nom mais aussi pour son univers.
En tout cas bravo pour avoir reconnu cet album à sa juste valeur.
21 octobre 2024
Nicolas RadugetMerci ; ) Ravi que nos avis se rejoignent !
21 octobre 2024
BlackBoomerangDe rien:)
23 octobre 2024
reineauroreUn peu pareil que le commentaire plus haut, j’ai trouvé cette histoire pas mal malgré quelques points qui auraient pu être plus développés, et j’ai du mal à comprendre les commentaires détestables qu’on peut trouver sur le forum de la BD (qui heureusement à mon avis ne représente pas la majorité des gens, il s’agit tout au plus d’une quinzaine de personnes et je ne pense vraiment pas que leurs avis soient très représentatifs de la majorité des lecteurs, eux ont l’air de le croire, quelle prétention élitique). Je conçois que c’est un lectorat plus âgé qui n’a pas forcément les mêmes attentes, mais de là a trouver cet album horrible, incompréhensible (peut-être qu’il ne leur en faut pas beaucoup pour être perdu, parce que sincèrement je vois pas ce qu’il y a de bien difficile à comprendre dans l’histoire qui certes est un poil méta mais sans tomber dans quelque chose de particulièrement complexe non plus) ou particulièrement mal fichu, c’est un peu fort de café. Il y a eu bien pire dans la série que çà soit niveau scénario ou niveau dessin (même si j’avoue être sceptique sur l’apparence physique des deux personnages principaux, Fantasio étant à peine reconnaissable par rapport à son physique de base, mais le comte, Seccotine et Zorglub aucun problème) et je parle même pas de la collection parallèle. Alors oui, il y a des points qui passent moyen, le bain de sang ou Cyanure écrase tout le monde parait inutilement gore, certaines transitions sont un peu sèches, le fin est très voir trop abrupte, le personnage de Coralie aurait pu être beaucoup plus développé. La personnalité des personnages principaux est aussi un peu floue à mes yeux, Spirou est assez fade (alors que quand on lit concrètement les albums de Franquin, c’est quelqu’un d’assez sanguin, il n’était pas si angélique que çà) et il y a un trop grand contraste entre Fantasio dans le tome 56 ou les auteurs le représentaient pendant presque tout l’album en grand gaffeur maladroit (alors que là encore quand on lit les albums de base, il y a pas tant d’exemples concrets que çà) et dans le tome 57 ou là il apparait limite comme le héro de l’histoire. Le girl power est à un doigt du too much, j’espère que çà va s’arrêter là. Mais pour un début çà va, c’est plutôt prometteur pour la suite (la dernière est le meilleur teaser possible). J’ai adoré voir le maire de Champignac, personnage qui je l’espère réapparaitra dans la prochaine histoire vu qu’apparemment çà se passera à Champignac, ainsi que les personnages du journal qui mériteraient aussi de revenir (pas dans tous les albums évidemment mais disons tous les 3 ou 4). Gaston a quand même vécu la moitié de son existence littéraire avec Fantasio, ce n’est pas rien. D’autant que j’avais été assez intriguée par le personnage énigmatique du directeur de Dupuis, qui n’a pas l’air bienveillant, je pensais qu’on allait le revoir mais non, j’espère que ce n’est pas là sa seule et unique apparition parce qu’il a une vrai bonne tête de semi méchant prêt à faire des coups bas pour relancer les ventes et faire du profil. Le personnage idéal qui manquait à la série quoi.
J’ai aussi lu des critiques frôlant l’homophobie en ce qui concerne la relation ouvertement ambiguë entre les deux héros, franchement j’ai envie de dire au contraire « pour une fois que les auteurs assument » au lieu de systématiquement créer de quoi le camoufler avec un alibi féminin ou pire utiliser Seccotine alors qu’il y a absolument rien dans la série de base suggérant qu’elle partage des sentiments avec l’un ou l’autre (à la rigueur je peux comprendre qu’on extrapole ses tensions avec Fantasio, çà peut avoir du sens, mais Spirou???). Même si c’est mal accueillit par les plus vieux fans, je pense qu’il est temps d’assumer un peu le mammouth sous l’éléphant (parce que oui que çà soit dans les années 50 ou maintenant, deux mecs qui passent leur vie ensemble et partagent le même toit sans être ni frères ni cousins n’a rien de très commun) et tant pis pour certains là encore.
Je pense par contre qu’il y a eu un trop grand délai entre les deux albums, deux ans et demi pour un diptyque (ou il faut un peu d’attente mais pas trop) c’est trop long, quand on sait que Franquin ou Tom et Janry réalisaient parfois deux albums par an, çà laisse perplexe.
Même si le bilan n’est pas parfait, je trouve qu’il donne quand même envie d’en lire d’autres et de revoir vite les personnages, et franchement c’était pas gagné d’avance.
23 octobre 2024
Nicolas RadugetMerci pour ce retour, là aussi on se rejoint dans les grandes lignes. Leur côté « vieux couple » d’amis ou plus, franchement, ça ne m’a jamais intéressé et je ne comprends pas qu’on débatte des heures de ça sur le forum. Le temps d’attente est sans doute un problème oui. Espérons que celui qui se déroule à Champignac arrivera d’ici un an.
23 octobre 2024
BlackBoomerangJe pense honnêtement qu’on va aller plus loin qu’un diptyque étant donnée qu’on a une fin qui tease une suite donc le prochain sera sûrement une suite directe de La Mort de Spirou/La Mémoire du futur. On est sûrement partie pour avoir une saga à la manière du Triangle qu’on avait durant l’ère Fournier jusqu’à ce qu’il passe à autre chose avec Le Gri-Gri du Niokolo-Koba.
C’est vrai qu’avoir attendu deux ans et demi entre les sorties des deux tomes (en plus, de mon côté, à chaque que je tentais d’avoir La Mémoire du futur, il était en rupture de stock et j’ai dû attendre quatre mois pour me le procurer), c’était très long et c’est probablement ce temps d’attente qui a frustré les lecteurs plus que l’album lui-même. Perso, je n’ai pas trouvé la scène où Cyanure écrase tout le monde particulièrement gore: pour moi, c’était juste violent pour renforcer la sensation de danger. Et encore, il y a déjà eu plus violent avant notamment chez Tome et Janry où Fantasio essaie de brûler Spirou vivant dans La Vallée des bannis.
ATTENTION! Dire que le girl-power est un truc « too much », c’est misogyne: c’est digne des propos sur les soi-disant Mary-Sue qui sont exagérément puissantes et ne devraient pas l’être étant des propos répandus pour, non seulement continuer à invisibiliser les femmes dans la fiction, mais également pour faire de la misogynie banalisée. En plus, le monde de Spirou a souvent mis en avant des femmes aussi bien du côté des gentilles comme Seccotine, Ororéa, Luna (étant ceci dit plus ambigüe que gentille), Katxina, Loon, Ninon que des méchantes comme Cyanure ou encore Miss Flanner. Alors, laissons Spirou et Fantasio continuer à avoir des compagnes d’aventure et faire face à des méchantes (bien qu’il y en ait moins que des gentilles) sans les dévaloriser.
J’avais vu aussi un propos homophobe sur l’album avec quelqu’un qui avait été « outré » parce qu’à un moment de l’histoire, Fantasio dit « Mon doux Spirou ». Ca se voit bien qu’il n’a jamais lu Kodo le tyran où Spirou dit « Mon Fantasio »; pas tellement implicite pour moi.
24 octobre 2024
reineauroreAh mais j’ai pas dit qu’il ne fallait pas donner de l’importance aux femmes (ici en l’occurrence à Seccotine) au contraire, j’étais d’ailleurs un peu déçue concernant Coralie sur qui on aurait pu insister davantage, elle passe complètement à la trappe à la fin. C’est juste que Seccotine en plus de cumuler la fonction de journaliste et de hackeuse professionnelle (c’est quand même pas tout à fait le même domaine mais bon passons, c’est pas non plus dérangeant) parait un peu trop sûre d’elle (à la limite de l’arrogance) dans pas mal de scènes (elle prend de haut Champignac à plusieurs reprises ce qui fait bizarre) le summum étant quand elle interpelle Cyanure, bon cela dit çà se retourne contre elle puisqu’elle se fait défoncer. C’était certes un personnage audacieux et un poil en avance sur son temps mais de mémoire elle n’était pas très fière quand Zantafio pointait un fusil sur elle, et c’est parfaitement normal. Ce que je veux dire c’est qu’elle était « normale », pas une sur femme, n’importe qui aurait flippé devant le fusil. Là elle n’a peur de rien et va crânement provoquer un méchant hyper dangereux (après il faut dire que c’était une illusion donc je ne sais pas trop quel degré de vraisemblance il faut accorder à ce passage, peut-être que la Seccotine « habituelle » n’aurait pas fait çà, c’est possible), alors que même Chuck Norris se serait enfuit, je ne suis pas sûre que çà soit nécessaire d’aller jusque là pour dire que maintenant les femmes sont mises en avant. En dehors de çà je n’ai rien à dire sur le fait de plus mettre en avant les personnages féminins au contraire et je suis plutôt contente qu’une femme scénarise la série (je dis pas que çà va rendre les albums géniaux, mais elle peut apporter une autre sensibilité).
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Par contre pour le coup, et même si la fin est abrupte et aurait mérité quelques cases de plus, je pense que trois albums çà aurait sans doute été trop long, autant pour le voyage de Spirou dans le passé que pour les bulles qui remontent à la surface je pense qu’ils se sont arrêtés au bon moment.