

- Titre(s) : La Mort de Spirou
- Scénariste(s) : Sophie Guerrive & Benjamin Abitan
- Dessinateur(s) : Olivier Schwartz
- Coloriste(s) : Alex Doucet
- Editeur(s) : Dupuis
- Parution : Août 2022
- Prix : 11,90 €
- EAN : 9782800173832
Alors que les préparatifs battent leur plein pour fêter les 100 ans de Dupuis, Spirou et Fantasio n’en oublient pas d’exercer leur métier, quitte à se faire attendre ! Intrigués par un reportage trop élogieux de Seccotine sur la cité sous-marine de Korallion, lieu de villégiature prisé, et apprenant par le comte de Champignac que Zorglub y séjourne, ils décident de retourner dans cet endroit insolite pour rencontrer l’héritière de Monsieur d’Oups (si vous n’avez rien compris, relisez Spirou et les hommes-bulles), et vérifier qu’il n’y ait pas anguille sous roche et pollution des océans… L’occasion pour eux de passer des vacances tranquilles ? À en croire la couverture de l’album, tout ne va pas se passer comme prévu. L’éditeur le confirme dans un communiqué : « c’est sa dernière aventure. À l’issue de ce 56e volume, Spirou n’est plus. »
« Quoi? Six ans d’attente après La Colère du Marsupilami pour ça? Ils veulent la colère des lecteurs ou bien? » (témoignage recueilli auprès de Célestin Dupilon lors de la septième tournée de sève Fournier, qui n’a pas lu le dossier de presse évoquant plutôt une réflexion bien sentie sur la fragilité de la persistance des grandes figures populaires dans le temps).
Spirou et Fantasio changent de mains. En vieux baroudeurs de la BD, ils en ont l’habitude, et la nouvelle quatrième de couverture est là pour en faire la synthèse. Au revoir Yoann et Fabien Vehlmann, et bienvenue au trio composé de Sophie Guerrive et Benjamin Abitan au scénario, et d’Olivier Schwartz au dessin. Bien connu des spirouphiles, pour avoir illustré plusieurs one-shots, le dessinateur est associé au style Atome (pas seulement Agency, haha), ou néo-ligne claire. Le parti pris est donc de donner une touche rétro et moderne à la fois aux personnages de la série principale, de plaire aux enfants (surtout) et aux nostalgiques (c’est nous, les vieux) avec un retour aux sources, une aventure contemporaine mâtinée de poésie franquinienne. Qu’on soit d’accord ou non avec ce parti pris qui peut dérouter de prime abord, on ne peut que saluer la performance graphique. Il y a clairement une belle atmosphère, maritime et côtière, qui se dégage de certaines planches. Les couleurs d’Alex Doucet y sont aussi pour quelque chose. Nous finissons par adhérer à cet esprit, d’autant que le scénario, au-delà du titre de l’album, réserve son lot de (bonnes) surprises. L’intrigue est excellente et l’humour est dans l’air du temps sans en faire des tonnes. L’équipe fait des premiers pas à la fois humbles et assurés, s’appropriant voire détournant gentiment les codes de la série, et redonnant notamment à Spip des répliques sur mesure. Le nouveau duo de scénaristes apporte un vent de fraîcheur et on espère que cela durera ainsi. Depuis Tome et Janry qui avaient laissé la barre un peu haute, certains ont mal commencé avant de s’améliorer, d’autres ont mieux démarré avant de décliner, mais aucune équipe n’a réussi à s’imposer sur le long terme. Les espoirs des lecteurs de retrouver un âge d’or ont souvent été douchés… souhaitons que cette fois, ils puissent rester au sec ! Très bon point, la fin de l’album (incluant les annonces en bonus) nous donne irrémédiablement envie de connaître la suite que cette équipe nous réserve. On n’avait plus connu ce type de sensations depuis le diptyque culte de La Frousse aux trousses et de La Vallée des bannis, auquel une scène en particulier fait d’ailleurs un bel écho. De là à s’emballer… L’expérience invite à la prudence mais ne boudons pas notre plaisir immédiat…
Un nouveau et (ou) dernier Spirou et Fantasio très prometteur. L’espoir malgré tout, comme dirait l’autre…
Nicolas Raduget
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