© Rue de Sèvres, Paris, 2019

Titre : Le Spécimen
Idée originale : Walter Hill
Scénariste : Matz
Dessinateur – Coloriste : Julen Ribas
Éditeur : Rue de Sèvres
Parution : Janvier 2019
Prix : 18€

Chercheuse en biologie, le docteur Irina Danko traîne son mal-être dans une prison de haute-sécurité en Sibérie où elle est chargée d’étudier le cerveau des pires criminels après leur exécution. En ce lieu où semble régner le mal intervient alors un événement impensable : un cadavre inconnu s’est retrouvé à la place d’un condamné suite à un black-out. Cette apparition inexplicable laisse place à la question de l’identité de l’intrus, qui revient rapidement à la vie et montre d’étranges pouvoirs, certains étant liés aux cauchemars récurrents d’Irina…

« Mon instinct me dit que la meilleure chose à faire serait de lui coller deux balles de .45 dans la nuque, de l’enterrer quelque part dans la steppe, et de dire en haut lieu que tout cela n’a jamais existé. »

Le Spécimen va sans doute faire partie de ces albums qui fascinent autant qu’ils irritent, car l’histoire imaginée par Walter Hill et peaufinée par Matz ne répond pas franchement à toutes les questions et laisse en suspens de nombreux éléments qui obligeront les lecteurs à combler les vides de cette nouvelle collaboration atypique. Parfois agaçant par ses clichés, souvent accrocheur par ses mystères, ce titre auquel il semble manquer un petit quelque chose pour vraiment décoller, ne fera pas l’unanimité sur lui mais il vaut clairement l’effort de s’y intéresser pour se faire son propre avis. Graphiquement, Julen Ribas (Kerubim) propose un trait lisible et clair qui permet de se fondre dans l’ambiance avec facilité et de profiter de l’originalité de l’ensemble. Son style réaliste, accompagné de couleurs froides parfaitement adaptées au contexte, lui offrira sans doute l’occasion d’être à nouveau mis à contribution par de grands noms.

Un album très particulier, aussi intrigant que désarçonnant.

Arnaud Gueury