
© 2024 Editions Delcourt

- Titre(s) : Somna
- Scénariste(s) - Dessinatrice(s) : Becky Cloonan & Tula Lotay
- Coloriste(s) : Lee Loughridge & Dee Cunniffe
- Editeur(s) : Delcourt
- Collection : Contrebande
- Parution : Novembre 2024
- Prix : 23,75 €
- EAN : 9782413084990
Ingrid se sent de plus en plus délaissée par son mari, principal inquisiteur du village, accaparé par de nombreux procès en sorcellerie. Une nouvelle jeune femme vient d’ailleurs d’être déclarée coupable, son exécution publique étant rapidement orchestrée. Pour Ingrid, lassée de ces spectacles écœurants, cette situation est d’autant plus problématique qu’elle fait elle-même chaque nuit des rêves troublants, hantée par un personnage lubrique qui la laisse pantelante sous les yeux médusés et inquiets de son époux…
« C’est bon d’avoir un secret, n’est-ce pas? Un étang de pensées caché où se baigner. Quelque chose qui soit tout à toi. Laisse-moi être ton secret, laisse-moi être ton évasion, et en retour pense à moi quand tu te toucheras. »
Premier album proposé par Delcourt qui soit issu du catalogue de la toute jeune maison d’édition américaine DSTLRY, Somna marque par son esthétique et le format de l’objet davantage que pour son histoire. En réalisant cette mini-série à quatre mains, Becky Cloonan et Tula Lotay se partagent les planches (principalement les scènes dans le monde réel pour la première et les rêves pour la seconde) et le scénario. Mais c’est bien ce dernier qui pêche, encombré de clichés faisant parfois passer l’album pour cette « dark romance » qui envahit les librairies. Village médiéval obscur, inquisiteur buté, religieux fanatique, héroïne timide en manque d’amour, tout y passe. Même le message sous-jacent, qui pourrait être intéressant pour parler de la société actuelle en lutte contre le patriarcat, ne fait que reprendre l’image mille fois exploitée des sorcières en tant que femmes fortes écrasées par les hommes et leur désir de pouvoir. Ce symbole devenu bien trop caricatural n’a donc pas la force voulue, et c’est dommage car le graphisme est globalement plaisant. Avec davantage d’originalité et un cadre plus inventif, cette histoire un rien sulfureuse aurait pu être plus forte.
Une histoire trop écrasée par le poids de ses symboles pour rester dans les mémoires.
Arnaud Gueury
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