
© 2018 Casterman
Titre : Vacances au bled
Auteure : Jennifer Bidet
Scénariste – Dessinateur : Singeon
Éditeur : Casterman
Collection : Sociorama
Parution : Juin 2018
Prix : 12€
Comme chaque année, Sélim, Hassan et Nesrine vont en vacances au bled. Férouze se rend également en Algérie mais cela fait très longtemps qu’elle n’y est pas retournée. Et elle se demande si elle reconnaîtra tout le monde. Lounès, Sabrina et leurs enfants, eux, vont prendre possession de leur maison dont la construction est désormais finie. Comme ils ramènent des meubles au pays, Lounès prend le bateau à Marseille et le reste de la famille voyage en avion. C’est à l’occasion de ce vol que Sabrina et Férouze font connaissance. Le point commun de toutes ces personnes est qu’elles ont toutes des origines familiales à Sétif. Mais toutes ne vont pas chercher la même chose durant leur séjour. Sélim, Hassan et Nesrine pensent plutôt à s’éclater entre potes alors que Férouze est en quête de ses racines. Quant à Sabrina et sa famille, elles cherchent à établir une seconde routine de famille de l’autre côté de la Méditerranée.
Il est intéressant d’appréhender comment toute une génération de descendants d’immigrés se sent lorsqu’elle retourne passer des vacances en Algérie. C’est ce que propose cette adaptation de Singeon (Tristan et Yseult) à propos de l’enquête réalisée par Jennifer Bidet sur ce thème. On perçoit sans mal le fait que le but de ces voyages n’est pas le même pour tout le monde et l’on prend également conscience que, dans certains cas, il peut y avoir des malaises en regard de l’identité sociale – parfois hésitante – ou même politique mais aussi en ce qui concerne les places de l’Homme et de la Femme, différentes dans les deux cultures. Le positionnement n’est pas évident et il est tout à fait compréhensible que Férouze – qui a la double nationalité, française en vertu du droit du sol et algérienne grâce au droit du sang puisqu’elle est née d’un père algérien – se sente finalement comme une étrangère dans le pays de ses ancêtres. Elle se demande toujours quel est le bon comportement à adopter. Tout comme Sabrina a du mal à se faire accepter par sa belle-famille malgré sa volonté d’adaptation, toujours perçue comme une immigrée alors qu’elle parle arabe comme une « blédarde ». Heureusement, il y a les moments plus légers et festifs avec Sélim, Hassan et Nesrine pour détendre l’atmosphère ! L’ensemble est mis en images par Singeon via un dessin au trait fin et efficace qui sert parfaitement cette fiction judicieusement traitée.
Une BD éclairante sur un sujet qui sort de sentiers battus comme sait nous le proposer la collection Sociorama.
Stéphane Girardot
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