Titre : Seul le silence
Scénariste : Fabrice Colin
Dessinateur – Coloriste : Richard Guérineau
Éditeur : Philéas
Parution : Octobre 2021
Prix : 18,90€
Géorgie, 1939. Tandis que l’Europe est sur le point de s’embraser dans une nouvelle guerre, une petite ville sombre dans le chaos avec l’assassinat d’une petite fille. La brutalité du meurtre exacerbe les rancœurs, et chacun spécule sur l’identité du monstre qui a commis ce crime ignoble. Pour le jeune Joseph Vaughan, tout ressemble à un cauchemar, qui se prolonge avec la découverte d’autres morts. Avec des amis, il décide de monter un groupe pour protéger les siens. Mais la réalité reste cruelle et le mal continue de se propager avec le temps. Malgré son sentiment de culpabilité, Joseph doit avancer. Seul, avec des rêves de devenir écrivain qui s’estompent…
« Nous n’avions pas quinze ans. Que savions-nous de la vie? Nous nous rêvions braves. La vérité, c’est que nous étions terrorisés, tous autant que nous étions. Et personne plus que moi. »
L’adaptation d’un roman de R.J. Ellory ne peut être qu’un monument de noirceur, tant l’écrivain britannique est réputé pour ses histoires sombres et âpres. Après s’être déjà attaqué à une de ses œuvres (Chicagoland), Fabrice Colin s’associe cette fois au formidable Richard Guérineau, qui s’est également fait apprécier avec les adaptations à la fois fidèles et hautement fantaisistes de Charly 9 ou Entrez dans la danse, de Jean Teulé, dans un tout autre registre cependant. Grâce à l’accrocheuse narration établie avec talent par son scénariste, il recrée tout un univers à travers ce récit s’étalant sur plusieurs années, dans un contexte qui permet de revivre les années 40 d’une bourgade américaine isolée, un temps loin de la guerre et de ses enjeux, dans une immersion intense et spectaculaire. Le travail de colorisation est ici capital pour reconstituer l’époque et se laisser happer par cette intrigue glauque, dérangeante, de laquelle il se dégage un sentiment de malaise. Les multiples horreurs vécues par le héros n’y sont pas étrangères, jusqu’à un final digne d’un roman noir.
Un portrait de l’Amérique d’après-guerre d’une noirceur abyssale, mis en image par deux auteurs en parfaite symbiose.
Arnaud Gueury
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