- Titre(s) : Tome 1 & Tome 2
- Scénariste(s) - Dessinateur(s) : Eldo Yoshimizu
- Editeur(s) : Le Lézard Noir
- Parution : Novembre 2016 & Février 2018
- Prix : 19,00 €
- EAN : 9782353480890 & 9782353481170
Le roi Jibril de Forossyah ne peut plus repousser le coup d’état de l’armée rebelle. Il se sait condamné à mort et ne veut pas que sa fille, qui vient à peine de naître, subisse le même sort. Il n’a alors pas d’autre choix que de confier Barrel à des yakuzas dont les activités s’étendent jusqu’à la Mer Noire. Ryûko, la fille de l’oyabun du clan du Dragon Noir, décide de la protéger de son propre chef sans en dire un seul mot à son père. Dix-huit ans plus tard. Barrel a grandi et souhaite voler de ses propres ailes, des velléités que sa bienfaitrice ne voit pas du tout d’un bon œil. N’écoutant que ses envies, elle réalise un braquage, en association avec Sasori, pour acquérir une certaine autonomie financière. Cependant, Ryûko ne lui laisse pas le loisir de profiter de son larcin et ramène Sasori à leur QG, situé au Black Dragon Nightclub, où Barrel les rejoint. Pendant une discussion musclée entre les deux jeunes femmes, l’armée menée par le Général Rachid prend d’assaut le bâtiment. Un moment particulier pour des révélations, mais Ryûko apprend certaines choses sur sa mère, censée être morte, de la bouche de Rachid en même temps qu’elle hérite d’une mystérieuse petite boite. Dans le feu de l’action, elle dit à son tour la vérité à Barrel sur ses origines. En regard de la situation, elle est obligée de se rendre au Japon où tout se complique assez rapidement.
Ce gekiga hommage aux films noirs, au-delà d’être superbe, est un véritable ovni. D’une part, parce qu’il n’a pas suivi le circuit traditionnel de prépublication des mangas dans les magazines spécialisés. Cette petite pépite, repérée très rapidement par les éditions Le Lézard Noir, est issue de l’autoédition. En effet, Eldo Yoshimizu (Gamma Draconis), initialement sculpteur reconnu au Japon et à l’international, a choisi cette voie pour son œuvre. Et d’autre part, parce que l’esthétique de Ryuko est un véritable choc visuel où le trait est d’une classe folle – notamment en ce qui concerne la plastique des personnages féminins – et parfois à la limite de l’abstraction. Un télescopage entre illustration et art contemporain laissant ainsi le lecteur libre d’interpréter et de voir ce qu’il veut derrière ces masses qui semblent en mouvement. La mise en page et le découpage sont aussi très recherchés et font que la narration graphique est incomparable. En ce qui concerne le récit en lui-même, il tient la route. Les éléments nécessaires à la compréhension globale sont distillés au fur et à mesure au cours de scènes précises ou lors de flashbacks, à l’instar de celui se déroulant en Afghanistan. Ainsi, les différents protagonistes prennent petit à petit corps avec des caractérisations pleines d’aspérités. Pour information, le mangaka travaille en ce moment-même sur le troisième tome de Ryuko. Et l’exposition consacrée à Eldo Yoshimizu lors de BD Aix à partir du 2 avril 2022 promet d’être un grand moment.
Un petit bijou qui bénéficie d’un écrin à la hauteur de son contenu !
Stéphane Girardot
Ryuko #1
Ryuko #2
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2 Responses à “Ryuko #1-2”