
© Casterman, 2017
Titre : La Révolte des terres
Scénariste : Stéphane Koza
Dessinateur : Marion Mousse
Éditeur : Casterman
Parution : Août 2017
Prix : 18€
Hôtel Lutetia à Paris, juin 1945. Odette cherche désespérément la photo de son frère Ferdinand sur le mur dédié à ceux qui sont rentrés vivants des camps de concentration. Quatre ans plus tôt, ce dernier a été arrêté et conduit au camp de Sachsenhausen, près de Berlin, suite à une grève dans la fosse 7 de Dourges, dite « Dahomey », à Montigny-en-Gohelle. Il n‘était pas un militant, juste quelqu’un de normal, mais la police française a fait croire qu’il avait donné ses camarades donc… Il a certainement vécu l’horreur et Odette ne sait pas à l’heure de la libération s’il s’en est sorti. D’autant plus que Gilles, son fiancé, a été déporté au même moment, lui qui reprochait violemment à Ferdinand d’être un lâche et de ne pas s’engager dans lutte pour protester contre la dégradation des conditions de travail sous le joug allemand et par patriotisme. Odette tiendra-t-elle bientôt son frère dans ses bras ou bien le pleurera-t-elle ?
En s’appuyant sur l’étude réalisée par Laurent Thiery, La Répression des grèves de mai-juin 1941, Stéphane Koza (Vaincus mais vivants) met en scène le premier acte collectif de résistance face aux nazis, qui s’est déroulé dans le bassin minier du Pas-de-Calais, ainsi que ses conséquences à travers le personnage de Ferdinand. Un mineur tranquille qui ne souhaite pas s’engager dans le mouvement contrairement à son futur beau-frère, Gilles, et sa sœur Odette. Usant de flashbacks rapides sur deux périodes, la naissance de la grève à Montigny-en-Gohelle et l’emprisonnement au camp de concentration de Sachsenhausen, le scénariste sert un récit intense et bouleversant où la solidarité de la famille des mineurs et l’horreur de la guerre sont au premier plan. Et bien sûr la trahison et les « collabos » sont présents pour le plus grand malheur de Ferdinand. Malgré les changements temporels, le récit est fluide et très prenant. Bien aidé en cela par le traitement graphique de Marion Mousse qui réalise une superbe prestation, complètement différente de celle proposée dans Sociorama. Les teintes utilisées, qui vont du noir au blanc en passant par les gris et la sépia, sont posées avec une belle sensibilité chromatique. Le dessinateur retranscrit ainsi parfaitement les ambiances très tendues de la grève, celles horrifiques du camp, le désespoir d’Odette ainsi que les retours en arrière.
La révolte des terres est un album très prenant et un très bel hommage à ces mineurs, opposants héroïques de la première heure.
Stéphane Girardot
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