• Titre(s) : Primordial
• Scénariste(s) : Jeff Lemire
• Dessinateur(s) : Andrea Sorrentino
• Coloriste(s) : Dave Stewart
• Editeur(s) : Urban Comics
• Collection : Urban Indies
• Parution : Octobre 2022
• Prix : 21,00 €
• EAN : 9791026825371

3 novembre 1957. Le premier être vivant à atteindre l’orbite de la Terre se nomme Laïka, une jeune chienne récupérée dans les rues de Moscou pour servir de cobaye aux expérimentations soviétiques en matière d’aérospatiale. Deux ans plus tard, pour rattraper leur retard dans la course à l’espace, les Etats-Unis envoient à leur tour deux singes, Able et Baker. Tous sont annoncés morts quelques heures après le décollage. Mais, en 1961, alors que Richard Nixon est parvenu à battre le sénateur John Kennedy aux élections présidentielles, le programme spatial est démantelé. Venu faire le ménage sans le savoir à Cap Canaveral, le professeur Pembrook est alors contacté par un homme mystérieux l’enjoignant de rejoindre Berlin où l’attend une révélation : Laïka est bien vivante et tout doit être fait pour la ramener sur Terre…

« Nous ignorons où sont passés Laïka et vos primates. Nous ne savons pas ce qui les a pris… mais ça a laissé quelque chose derrière. »

Comme dans beaucoup de ses œuvres, Jeff Lemire va diviser les lecteurs avec cette aventure étrange qui sort pour beaucoup des sentiers battus. Le scénariste imagine vraiment une histoire à l’ancienne, à la fois grandiose et très humaine. En plus d’être ouvertement une uchronie, soulignée par la réélection de Richard Nixon en 1960, elle ouvre de nombreuses portes sur le fantastique et la science-fiction sans apporter la moindre réponse au pourquoi, comment ou qui est derrière l’enlèvement des animaux envoyés dans l’espace. Ce qui va être frustrant pour les uns va être apprécié par les autres pour sa propension à se concentrer sur les sentiments (la relation entre Laïka et Yelena est plus que touchante) et les sensations. Ce jeu est renforcé par l’esthétique de l’album, très particulière. Andrea Sorrentino bouscule les codes et les habitudes avec son découpage et ses constants changements de styles, ce qui contribue à déstabiliser. Qu’on aime ou non, ce choix est audacieux et propose quelque chose de différent qu’on ne peut que saluer.

Une merveilleuse histoire qui touche au cœur.

Arnaud Gueury