Titre : Tome 1
Scénariste : Tony Emeriau
Dessinateur – Coloriste : Boris Beuzelin
Éditeur : Komics Initiative
Collection : Mavericks
Parution : Juin 2021
Prix : 25€
10 septembre 1896, Paris-La Nouvelle. Deux ans après la Guerre civile des Tribuns, la France panse encore ses plaies et doit faire face à un nouveau fléau, la lèpre bleue, qui ronge les chairs et décime les populations, qui n’est autre que la conséquence de l’utilisation par les forces militaires du gaz Majorelle pour stopper l’insurrection populaire. C’est au sein du pavillon de la léproserie de l’hôpital Saint-Blaise de Sébaste que sont accueillis les victimes de ce mal. D’ailleurs sur les lieux, deux médecins s’interrogent à propos, non pas des patients, mais d’une infirmière, présente depuis deux semaines, qui s’affaire sans rechigner et sans aucune protection parmi les démembrés et qui semble aussi saine que possible. Cependant, alors qu’elle essaye de donner à manger à un des malades, l’oreille de celui-ci tombe dans son plat, provoquant un dégoût chez Christine, l’infirmière, qui court aux commodités se rafraîchir. C’est à cet instant qu’un mur s’effondre, défoncé par un homme équipé d’un scaphandre évolué qui réclame qu’on lui livre la fille et menace de tuer tout le monde si ce n’est pas fait. Dans cette confusion totale, Christine revient dans la pièce principale et esquisse un sourire révélant une dentition particulière. Après un bref affrontement, elle est amenée auprès du “Vieux”.
Parias est une uchronie développée dans un univers steampunk et teintée de surnaturel, qui accroche le lecteur très rapidement. Ne serait-ce déjà que par le contexte planté par Tony Émeriau dans son “court résumé de ce que fut la Guerre des Tribuns” qui n’est pas sans nous rappeler une situation bien actuelle avec la lèpre bleue et sa campagne de vaccination, ainsi que la répression violente des forces armées envers le peuple. Après l’irrévérencieuse série Sticky Pants et des productions jeunesse (Julio Biscoto, Les enquêtes de Félicie Trouille), le scénariste s’essaye donc avec bonheur à un autre genre où l’environnement qu’il crée et la diversité des personnages qu’il propose donne du corps au récit. Il y a notamment le méchant, le Vieux, un savant fou misanthrope, et les cinq personnes qu’il enrôle de force dans son équipe, dont Christine, qui ont des capacités hors norme. De fait, action, rythme, intrigue et mystères sont au rendez-vous de ce “french comics” feuilletonné. Pourquoi ce terme ? Tout simplement parce que tout y est français : le scénariste, le dessinateur, l’éditeur qui de surcroît imprime ses albums en France, et que l’ensemble est conçu comme un feuilleton. Tel un poisson dans l’eau, Boris Beuzelin (Peter Dillon) en livre une prestation graphique de très belle facture. Son trait énergique, ses décors précis et sa mise en couleurs soignée s’épanouissent complètement dans cet album à la maquette particulièrement réussie. À noter la présence d’un chapitre “Postambule” très marquant réalisé par Lionel Marty et une foultitude de bonus qui dévoilent les coulisses de la création de ce premier opus.
Une très bonne entame pour cette série issue du financement participatif.
Stéphane Girardot
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