Titre : Monet – Nomade de la lumière
Scénariste : Salva Rubio
Dessinateur – Coloriste : Ricardo Efa
Éditeur : Le Lombard
Collection : Contre/Champ
Parution : Mars 2017
Prix : 17,95€
1923. Claude Monet, né en 1840, doit se faire opérer d’une double cataracte dont il est atteint depuis 1912 avant de devenir aveugle. Georges Clémenceau, son fidèle ami, l’accompagne et l’oblige à se tenir tranquille afin de subir cette opération qui est plus que nécessaire. De retour à Giverny peu de temps après, le peintre ne conçoit pas de devoir rester allongé, les yeux bandés, pendant trois jours. Malgré tout, suivant les conseils du médecin et laissant les clés de sa demeure au Tigre, il se plie à cette obligation. Pour faire passer le temps, il entame une rétrospective des grandes étapes de sa vie. Du Salon de Refusés au mouvement des Impressionnistes, du jeune peintre sans le sou au bourgeois côtoyant le beau monde, du mari à l’amant, Monet a accepté tous les sacrifices pour ne jamais être contraint de lâcher les pinceaux. Malgré de nombreuses déconvenues artistiques et privées, il n’a jamais cessé de rechercher la perfection et a révolutionné la peinture de son siècle qui était jusque-là cloîtrée dans les ateliers. Suivez les pas du Nomade de la lumière afin de découvrir son destin exceptionnel et chaotique.
Le scénariste, écrivain et historien espagnol Salva Rubio, qui réalise ici sa première bande dessinée, propose une biographie chronologique de Claude Monet en s’astreignant le plus possible à intégrer les œuvres du peintre tel un jeu de miroir. Pour ce faire, l’auteur ne s’est pas privé de quelques anachronismes ou encore de changer la taille de certains tableaux au gré de son inspiration et de celle de Ricardo Efa. Ce qui ne nuit en rien et permet de donner encore plus de force à cette plongée intimiste. Le résultat est plus que convainquant et nous entraîne dans un exquis voyage de quatre-vingt huit planches à l’écriture passionnée. Un exercice de style réussi axé sur les grandes étapes de la vie de l’artiste et rythmé par d’intenses émotions ainsi que de nombreuses amitiés (avec Auguste Renoir, Frédéric Bazille, Alfred Sisley, Camille Pissarro entre autres). De plus, un dossier très intéressant de seize pages vient étayer les choix des œuvres et la manière dont elles ont été intégrées dans le récit. La prestation graphique servie par Efa (Le Soldat) est tout aussi somptueuse que peuvent l’être les toiles du chef de file de l’Impressionnisme. L’interprétation qu’il en fait est non seulement bien sentie mais aussi extrêmement respectueuse. Où les jeux de lumières sont juste magnifiques et les ambiances dégagées d’une grande justesse. L’album se dévore littéralement !
Une très belle réussite doublée d’un superbe hommage. Une lecture idéale pour les fans de l’artiste, de peinture et un guide parfait pour les néophytes en la matière.
Stéphane Girardot
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