Titre : Le soldat
Scénariste : Olivier Jouvray
Dessinateur – Coloriste : Ricardo Efa
Éditeur : Le Lombard
Collection : Signé
Parution : Octobre 2014
Prix : 16,45€
Guerre de sécession. Henry Fleming est un jeune paysan qui s’est engagé comme soldat de l’Union au grand dam de sa mère. Avec son ami Wilson, ils rêvent de gloire, d’aventures, veulent savoir ce qu’ils valent en tant qu’hommes tout en essayant de se convaincre qu’ils n’ont pas peur de la guerre et de ses horreurs. Cela fait déjà un certain temps qu’ils attendent au camp, le premier affrontement avec les confédérés. Le vieux Jim, lui, est convaincu que demain sera le grand jour. Et, le vieux Jim avait raison. Rien n’est comme Henry avait pu l’imaginer. Ses camarades tombent à ses côtés, balayés comme des fétus de paille au gré du vent. Il a peur et doit faire un choix : fuir comme un couard face aux feux nourris de l’ennemi ou bien devenir un héros.
Sur une idée de Ricardo Efa, Olivier Jouvray réalise cette adaptation très personnelle de La conquête du courage écrite par Stephen Crane et parue en octobre 1895. Pour reprendre le terme du scénariste, ce dernier a « déconstruit » l’histoire du romancier américain pour aboutir au bel ouvrage que vous prendrez un plaisir certain à lire. L’auteur met ainsi en exergue tout le côté pervers et destructeur de la rhétorique militaire afin d’haranguer, encenser les troupes et les pousser au combat, la peur au ventre, mais convaincues d’être dans leurs bons droits au nom de la collectivité. Un exercice de style tout à fait réussi qui met en avant, une fois de plus, l’étendue des qualités de plume de l’auteur de Lincoln. L’interprétation graphique de Ricardo Efa (Alter Ego) quant à elle ne souffre d’aucune critique. Le dessin semi réaliste de l’auteur est d’une incroyable expressivité. Le choix de l’auteur pour une mise en couleur à l’aquarelle, aux tons doux, tranche avec la violence du récit et sort des habitudes du genre à l’instar de Cédric Babouche pour Le chant du Cygne, mais dans un autre style. De même, les interprétations des fantômes de la guerre réalisées par le dessinateur et ses larges cases sont d’une grande efficacité.
Une nouvelle pierre (précieuse) vient se poser sur les fondations de la collection Signé.
Stéphane Girardot
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