
© 2017 Casterman
Titre : Tome 1
Scénariste : Jonathan Garnier
Dessinateur – Coloriste : Rony Hotin
Éditeur : Casterman
Parution : Mars 2017
Prix : 16€
Mais qui est cette petite fille espiègle et innocente, aux grands yeux ronds comme des billes, qui virevolte dans les rues de ce village des côtes normandes ? Il s’agit de Momo. Et du haut de ses cinq ans, elle habite seule avec sa « Mamy » car son père est parti en mer pour trois semaines… sur le plus gros bateau du monde. Loin de lui, elle s’occupe et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a fort à faire entre le poissonnier qui la prend pour un chat et la traite de voleuse, les autres enfants du village qui la trouvent bizarre et ne veulent pas jouer avec elle ou encore Madeleine, la coiffeuse, qui ne veut pas lui faire une coupe de princesse guerrière. Cependant, elle fait face à tout cela avec un aplomb assez déconcertant pour les adultes et ce n’est pas toujours facile. Heureusement il y a Françoise, une adolescente de quinze ans qui aime bien Momo. En plus, elle est trop cool avec son tee-shirt ninja et ses rollers. Même si elle fume des clopes et qu’à cause de ça, elle sent mauvais de la bouche ! Le quotidien de Momo est rythmé par les bêtises, les chagrins et les amitiés à travers lesquels elle se construit avec un émerveillement constant.
Momo est une bande dessinée d’une incroyable fraîcheur. En parcourant l’album, vous aurez l’impression de voir défiler un des ces chefs-d’œuvre de l’animation japonaise posé en toute simplicité sur papier. Comment ne pas penser à Ponyo d’Hayao Miyazaki ou encore Lettre à Momo d’Hiroyuki Okiura en parcourant les tranches de vie de la petite fille ! Peut-être est-ce tout simplement parce que Jonathan Garnier (Doggybags) a su capter et retranscrire dans son scénario la quintessence de l’innocence inhérente à l’enfance pour l’exposer au regard des adultes tout en le nourrissant de ces références ? Une chose est sûre, cela nous fait du bien en même temps que cela nous fait voyager. Et la fin de l’album prend aux tripes ! Chose admirable pour une première BD, c’est que l’ensemble des émotions transpire du graphisme de Rony Hotin tout naturellement. De nombreuses fois primé pour différentes réalisations dans l’animation, l’illustrateur sert une prestation qui ne peut pas être plus dans l’esprit de cette balade et constitue une belle surprise. Un trait simple et sensible, un peu dans la veine de la série jeunesse Nas poids plume, qui touche et bouleverse. De plus, l’idée du Carnet de Sylvain – pour conclure cette première partie – nous permet de rester encore quelques instants dans ce bel univers.
Une véritable madeleine de Proust – toute chaude et sucrée avec justesse – à ne rater sous aucun prétexte !
Stéphane Girardot
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