Titre : Mezkal
Scénariste : Kevan Stevens
Dessinateur – Coloriste : Jef
Éditeur : Soleil
Parution : Janvier 2022
Prix : 26,50€
A la mort de sa mère, Vananka Darmont envoie tout bouler et dit adieu à la vie pourrie qu’il menait jusque-là. Direction le Mexique, sur la piste d’un père qui a quitté le foyer familial bien des années avant. Pour le jeune homme, cela ressemble à une fuite en avant et à un voyage introspectif censé lui dire qui il est vraiment. Sa rencontre avec une sympathique famille va même un temps lui plaire. Surtout grâce à la belle Leila. Mais lorsque le cousin Felipe lui offre un job, clairement pas légal dans ce trou paumé, c’est l’engrenage infernal. Un étrange petit agent de la DEA lui file le train et demande de le rencarder sur les truands qu’il fréquente. Forcément, tout va aller de travers…
« Je ne savais pas s’il allait se passer quelque chose entre elle et moi, l’instant présent est tellement rare que quand tu le tiens tu le lâches plus. »
L’énorme succès de la série Il faut flinguer Ramirez a (re)mis au goût du jour les histoires bien déjantées, les aventures abracadabrantesques impliquant truands débiles, flics azimutés et héros perdus dans des univers absurdes. On retrouve ainsi de nombreux titres exploitant ce genre, comme Valhalla Hotel ou Gun Crazy, cette dernière, déjà mise en image par Jef, pouvant presque passer pour la grande sœur de Mezkal. Le dessinateur use à nouveau de ce trait plus clair, avec un graphisme virant parfois au cartoon pour certaines trognes. Loin des récits contemporains réalistes et des polars sombres qui ont fait apprécier son talent, cette évolution graphique, visible également dans sa colorisation plus lumineuse, est une réussite qui fait oublier les errances du scénario. Pour son premier album de bande dessinée, Kevan Stevens veut sans doute trop en faire, quitte à diluer trop d’idées et à faire connaître à l’album un énorme coup de mou dans le dernier tiers. Grâce à son important volume de 184 pages, cette baisse de rythme se fait moins ressentir mais le bordel foutraque, souvent déroutant, parfois hilarant, quelques fois agaçant, a du mal à tenir une telle distance. Sans compter quelques éléments superflus (comme le père de Vananka, inutile) et une héroïne plus énervante qu’attachante.
Bien plus original dans son traitement graphique que son histoire, Mezkal loupe quelques-uns de ses objectifs. Mais les amateurs de bizarrerie déjantée pourront l’avaler d’un trait.
Arnaud Gueury
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