Titre : La Concurrence
Scénaristes : Corbeyran & Bénédicte Gourdon
Dessinateur : Chetville
Coloriste : MiKl
Éditeur : Le Lombard
Parution : Février 2020
Prix : 14,99€
L’ouverture de la boutique d’Alexis Carret est un véritable succès. Son talent, combiné aux qualités de Benjamin, Clémence et Manon, permet à la chocolaterie d’obtenir rapidement une réputation d’excellence. Mais cette réussite quelque peu arrogante suscite des réactions de la part de certaines personnes. Pour commencer, Walter, le bras droit d’Eddy Carret chez Honest, utilise une relation familiale afin de perdre la commande de fournitures – pour la composition d’un chocolat de couverture spécifique – passée par Alexis en personne pour les fêtes de Noël. Une véritable catastrophe qui tombe au plus mauvais moment. C’était le but recherché par Walter qui facilite ainsi l’implantation dans le même quartier et à côté de la boutique d’Alexis d’une enseigne concurrente avec le concours d’une célébrité. Outre ces problèmes commerciaux, Benjamin doit également faire face à des pressions exercées par leur « banquier ». Il faut dire qu’il n’a pas choisi la simplicité en passant par un mafieux aux procédés douteux afin de trouver les fonds pour le projet. De plus, un quiproquo blesse et fait s’enfuir Manon. Malgré ces coups du sort qui s’abattent sur eux, les trois associés ne lâchent pas l’affaire et cherchent des solutions pour rebondir. Et des idées, ils en ont ! Mais cela sera-t-il suffisant pour éviter la fermeture définitive du magasin ?
Bénédicte Gourdon (Le Port de la lune) et Corbeyran (Les Guerres d’Albert Einstein) nous plongent dans la partie commerciale du chocolat avec ce deuxième opus (concurrence, objectifs, marketing à base de télé réalité, gestion des commandes, négociation…). Ne vous y trompez pas, ce n’est absolument pas barbant. Bien au contraire, les scénaristes nous embarquent complètement dans cette suite qui est parfaitement agencée et expose de nombreuses idées fortes. Il y a l’histoire de la boutique avec cette commande perdue et ses conséquences : l’enquête officieuse, les solutions pour trouver des fonds et ne pas fermer (une exposition de tableaux en chocolat, l’ouverture du bar à chocolat). En parallèle, les auteurs mettent Benjamin dans une situation bien dangereuse suite à son choix de financer le projet grâce aux fonds d’un mafieux sans en avoir averti ses associés. Par-dessus cela, « en couverture », c’est une position forte en faveur du commerce équitable qui est défendue tout comme une opposition ferme à l’huile de palme et l’exploitation des enfants en Afrique et ailleurs, d’où le malaise père/fils chez les Carret. Par conséquent, c’est un pied de nez à l’industrialisation du domaine qui est fait. Mais il y a aussi de l’amour avec la romance entre Alexis et Manon, qui incarne un hommage vibrant aux malentendants, un sujet que Bénédicte Gourdon connait on ne peut mieux. Le scénario est dense mais fluide et superbement servi par le dessin de Chetville (Crimes gourmands). Le trait réaliste du dessinateur est juste parfait. Mention spéciale pour les scènes où Manon utilise le langage des signes qui sont parfaitement retranscrites. Et big up à MiKl qui assure à la colo comme à chaque fois !
Le troisième et dernier tome s’annonce palpitant en regard notamment du cliffhanger !
Stéphane Girardot
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