
© 2019 Editions Delcourt
Titre : Lune Rouge (1/3)
Scénaristes : Fred Duval & Jean-Pierre Pécau
Dessinateur – Coloriste : Jean-Michel Ponzio
Couverture : Manchu
Éditeur : Delcourt
Collection : Neopolis
Parution : Mai 2019
Prix : 14,95€
Afrique du Nord, 1984. Pour avoir trafiqué des produits de contrebande interdits dans les républiques socialistes, Félix Ardan est condamné au goulag, sur la Lune. En route pour le pas de tir, le jeune homme fait connaissance avec ses futurs compagnons de bagne, notamment la journaliste Babette Gloss et des membres de clans mafieux. Après un décollage éprouvant, qui fait le tri parmi les prisonniers les moins résistants, Félix découvre l’organisation mise en place. Car, suite à des révoltes, les gardiens ont abandonné les lieux et laissent les clans gérer le travail dans les mines. Tant que la production suit son cours, personne ne s’en mêle. Mais les nouveaux venus ne sont pas forcément qui ils prétendent être et un changement pourrait intervenir…
« Je ne t’ai pas remercié, petit! Normalement, on ne remercie pas sur la Lune, apprends bien la leçon, on ne doit jamais rien à personne! »
Après plusieurs tomes qui revisitaient l’Histoire de façon académique, ce triptyque se montre à la fois plus enlevé et fantaisiste, tout en restant extrêmement précis sur les conditions de vie dans les goulags. Leur déplacement de la Sibérie à la Lune ne change pas tout fondamentalement, mais ce cadre inattendu n’est pas non plus un simple prétexte. Au bout de tant de tomes, Fred Duval et Jean-Pierre Pécau savent comment mener leur récit sans trop pencher vers l’absurde ou le feuilleton documentaire, en gardant un équilibre parfois fragile mais souvent habile. Ce premier tome, qui sert principalement à expliquer le contexte – bien qu’il soit rapidement évoqué sans que l’on sache comment s’est constituée cette Union des Républiques Socialistes Soviétiques d’Europe – et à présenter les protagonistes et le goulag lunaire, se lit ainsi assez vite, tant le récit est fluide. Le fait de disposer de trois tomes pour toute l’intrigue est un atout dont n’abusent pas les auteurs, car l’ennui ne pointe jamais. Graphiquement, on retrouve le style si clivant de Jean-Michel Ponzio. Comme pour tous ses albums, on aime ou non son travail à base de photos de comédiens qu’il dirige dans son studio avant de les incorporer au dessin. Seuls ceux qui ne le connaissent pas seront surpris, les autres feront le choix de le suivre ou non dans cette aventure atypique.
Loin d’être un simple mélange entre Prison Break et Cosmos 1999, cette relecture originale et uchronique des goulags est une vraie curiosité dont on a hâte de voir où elle nous emmènera.
Arnaud Gueury
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