Titre : Les Héritiers sauvages
Scénariste – Dessinateur : Hermann
Coloriste : Fraymond
Éditeur : Hachette
Collection : Hachette Collections
Parution : Septembre 2020
Prix : 12,99€
Toujours en errance, Jeremiah et Kurdy poursuivent leur route en quête d’un travail et d’un endroit où se poser. Mais l’emploi est rare dans la région et aucune perspective ne n’offre aux deux compagnons, jusqu’à leur arrivée dans une petite communauté installée autour des restes de la Bancroft Farming Company. Si Jeremiah parvient à se faire embaucher pour un salaire de misère et un travail éreintant, faisant naître le germe d’une révolte dans la tête de ses camarades, Kurdy découvre les dessous des lieux, tiraillés entre deux héritiers aux conceptions bien différentes…
« Comme il y a plus à perdre qu’à gagner en restant dans le pays, on va prendre nos bottes dans les mains et filer sur les pointes! Tu le disais toi-même hier soir : pas nos affaires. »
Si sa misanthropie ne fait plus aucun doute aujourd’hui, Hermann appuyait bien le trait dans cet album où il relate sans détour l’exploitation de l’homme par l’homme. Le contexte post-apocalyptique, particulièrement souligné par les vestiges des immeubles de grandes sociétés et beaux vêtements rapiécés, permet de critiquer son époque – et la nôtre désormais, tant le message n’a pas vieilli – et les dérives qui ont mené à sa chute. Une fois de plus, hormis les deux héros et quelques rares exceptions, les personnages sont méprisables, corrompus et sans vergogne. Exploiteurs et exploités finissent même par être mis dans le même sac, à travers une dernière case pleine de cynisme mais aussi de lucidité. Mais l’auteur belge sait aussi divertir et régaler les yeux, grâce à un trait vif, énergique, expressif, extraordinairement mis en valeur par son nouveau coloriste, Fraymond. Celui-ci offre des ambiances spectaculaires, qui tranchent avec celles des premiers albums, plus vives et plus vieillottes. Son apport est un réel atout qui donne un tout autre relief à la série.
Un album saisissant, critique et plein d’amertume, qui fonctionne toujours aussi bien.
Arnaud Gueury
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