© 2022 Le Lézard Noir

• Titre(s) : Hen Kai Pan
• Scénariste(s) - Dessinateur(s) : Eldo Yoshimizu
• Editeur(s) : Le Lézard Noir
• Parution : Avril 2022
• Prix : 18,00 €
• EAN : 9782353482504

Afrique, Île de Madagascar. Neela donne l’ordre à sa disciple immature, Asura, de détruire une forêt. Alors que le feu est au plus fort, elle voit des animaux courir dans tous les sens mais aussi quelqu’un, Ombiasa, qui estime que la jeune femme n’est que l’instrument de Neela et l’invite à écouter la voix d’un vieux baobab. Au travers de celui-ci, la bonze Pemaj lui indique que le jour du jugement de l’humanité est proche et que pour cela elle va tenir compte des opinions des quatre esprits de la Terre avant de rendre son verdict. Mais surtout, elle ne veut pas qu’Asura pèche davantage à cause de Neela qui applique des sanctions de sa propre initiative en se servant d’elle et dont les méthodes détruiraient l’espèce humaine ainsi que tout l’écosystème de la planète. Archipel du Svalbard, cercle polaire arctique. Asura effectue une nouvelle mission durant laquelle elle rencontre l’esprit Jofuku qui la libère de la malédiction de Neela en la tuant. Mais elle n’est pas encore prête à devenir le véritable esprit de la guerre. Pour cela, elle doit penser par elle-même. Peut-être qu’avec l’aide d’Honga, le quatrième esprit de la Terre… Mais l’heure du choix est est déjà là pour celle qui est vouée à devenir la déesse de la destruction. En effet, la bonze Pemaj la charge de défendre Ombiasa, Jufuku et Honga face à Neela qui campe sur ses positions et veut appliquer sa propre sentence. Quelle sera sa décision ?

Hen Kai Pan signifie littéralement en grec ancien “Tout est Un”, une expression à la base du panthéisme que prônait le philosophe Spinoza où Dieu n’est pas “cet être suprême transcendant et personnel mais où il est impersonnel et immanent au monde, c’est-à-dire qu’il fait partie du monde. Mieux, il est le monde. Par extension, le panthéisme est un naturalisme de la divinité de la Nature.” Prenant en compte cela et étant conscient du mal que l’Humanité inflige à notre mère la Terre, Eldo Yoshimizu s’est posé une question : “ Si la Terre a une conscience, quelle serait sa réaction par rapport au changement climatique, la déforestation ou encore la crise alimentaire ?” Le mangaka a donc décidé de changer de perspective – les problèmes ne sont pas abordés du point de vue des hommes – en mettant en images dans ce one-shot métaphysique leur jugement par les esprits de la Terre. Un gekiga des plus pertinents et on ne peut plus d’actualité quant au questionnement qu’il impose et de très haut vol graphiquement à l’instar de Ryuko, à ceci près que l’approche se veut beaucoup plus fine, avec moins de masse en mouvement. Le meilleur exemple en est la séquence qui introduit l’esprit Jufuku où le blanc de la planche est utilisé de façon optimale et où un minimum de traits définit un personnage de toute beauté. Bien évidemment, la mise en page et le découpage sont des plus efficaces. Le sculpteur devenu mangaka explore le médium et se réinvite pour notre plus grand plaisir. Nota bene : la sortie de l’album coïncide avec la Journée Mondiale de la Terre.

Une nouvelle pépite d’Eldo Yoshimizu que nous vous recommandons fortement.