Le prolifique scénariste Sylvain Runberg signe une nouvelle série fantastique intitulée Jakob Kayne. Aux pinceaux, on retrouve le talentueux Mateo Guerrero. Nous avons profité de la parution en avant-première au festival d’Angoulême du premier tome de la série pour rencontrer les deux auteurs.
Sylvain, voudrais-tu résumer en quelques mots l’intrigue de cette nouvelle série ?
Sylvain Runberg : Tout tourne autour d’un personnage principal, Jakob Kayne, c’est une univers d’uchronie, d’histoire alternative, dans un monde imaginaire qui n’est composé que d’îles. On se déplace donc uniquement par voies maritimes, le style est inspiré du XVI-XVIIème siècle. Jakob et son frère Samuel sont les deux derniers survivants d’un peuple d’alchimistes guérisseurs dévoués à soigner les personnes qui font appel à eux. Jakob a un pouvoir très particulier, on ne peut pas se souvenir des traits de son visage, c’est un « mange-mémoire ». Il se sert de ce pouvoir pour s’infiltrer dans tous les milieux hostiles où on leur demande de venir en aide aux malades. Dans ce premier tome, on découvre l’île d’Hispaniola en lutte contre une épidémie de choléra tout en résistant aux attaques de la flotte du calife Soleman dans laquelle Jacob doit soigner la jeune Victoria. Il s’agit d’un récit complet sous forme de triptyque. A chaque tome on va découvrir de nouvelles îles, de nouveaux peuples au travers des missions des deux frères avec comme fil conducteur la relation qui va se créer entre Jakob et Victoria. Amoureux de cette jeune femme, le pouvoir de Jakob devient une véritable malédiction « comment faire lorsqu’on est amoureux de quelqu’un qui ne peut pas se souvenir de vous ? »
Pas de némésis, d’ennemi juré dans ce premier cycle, donc ?
SR : Non, l’ennemi de Jakob sera en fait son propre pouvoir. Il va devoir gérer cette situation inédite pour lui de tomber amoureux. Ensuite, on va tout de même trouver des adversaires nouveaux et parfois récurrents mais le premier obstacle à surmonter pour Jacob c’est son pouvoir.
Le récit mélange réalité et fiction, c’est une première pour toi.
SR : C’est en effet ma première uchronie. J’avais vraiment envie d’intégrer des personnages historiques dans mon récit. Retrouver des références historiques réelles.
Que peut-on espérer après ce premier cycle ?
SR : Pour l’instant, c’est une histoire complète en trois tomes, rien d’autre n’est prévu. Maintenant, au vu de la taille de l’univers créé, on pourrait développer d’autres récits qui y seraient liés mais c’est un peu trop tôt, il faut d’abord voir l’accueil des lecteurs mais c’est certain l’idée nous plairait…
Quel sera le rythme de parution ?
SR : Le tome 2 est prévu en octobre 2019 et le tome 3 en 2020. Soit un récit complet en un an et demi. Le tome 2 est à moitié dessiné. Je finis l’écriture du tome 3.
Un timing très serré donc.
SR : Pas vraiment, c’est un choix de l’éditeur d’avoir attendu pour sortir ce tome 1 maintenant alors qu’il était prêt depuis plusieurs mois pour ainsi permettre une parution rapprochée vis-a-vis du lectorat.
En terme de collaboration, comment fonctionnez-vous ?
SR : Je réalise un séquencier détaillé avec la pagination de chaque séquence sur l’album. Il est important pour tous les deux de savoir d’où on part et où on va. Quand on s’est mis d’accord, je réalise le découpage final, case par case avec les dialogues. A partir de là, Mateo en fait un peu ce qu’il veut et peut adapter le découpage. Il y a vraiment un échange et une collaboration constante.
Mateo, quelle est la technique de dessin utilisée ?
Mateo Guerrero : A part la couleur réalisée à l’ordinateur, je travaille de manière traditionnelle sur papier avec encre et pinceaux.
Quels sont vos autres projets ?
SR : Au Lombard, un récit complet, Zaroff, la suite du film des années 30, Les Chasses du Comte Zaroff avec François Miville-Deschênes, avec qui j’avais fait Reconquêtes. Une nouvelle série d’urban fantasy, Les Chroniques d’Under York chez Glénat. Ensuite en mars, le tome 2 de On Mars aux éditions Daniel Maghen, un thriller policier, On est chez nous avec Nicolas Otero au dessin et Olivier Truc en co-scénariste, une série d’anticipation, Optic Squad aux éditions Rue de Sèvres, Orbital #8, la suite du Chant des Runes… Bref, une année bien chargée.
MG : Je viens de terminer un one-shot historique à paraître aux éditions Hachette mais pour l’instant je me consacre entièrement à Jacob Kayne.
Que pensez-vous du grand prix de cette année, Rumiko Takahashi ?
SR : Je ne l’ai jamais lue mais j’ai voté pour elle car il était important d’avoir une femme et sa présence parmi les auteurs talentueux proposés m’a permis d’estimer qu’elle devait y avoir sa place. Je vais essayer de découvrir son travail.
MG : Moi je suis fan du travail de Rumiko Takahashi. Pour moi, c’était normal qu’elle remporte le prix.
Merci beaucoup.
Propos recueillis par Jean-Luc Delorme
Interview réalisée le 25 janvier 2019.
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