Avec une actualité dense en cette fin d’année 2019, Nicolas Malfin a accepté de répondre à nos questions à l’occasion du festival Quai des Bulles de Saint-Malo et de la sortie du second tome de Cézembre. Rencontre.
Le tome 2 de Cézembre vient de sortir sept ans après le premier. Entre-temps tu as sorti trois tomes de Golden City, comment t’organisais-tu pour travailler sur les planches de ces deux albums ?
Je ne jongle pas entre les deux, j’aime bien ne faire qu’une seule chose à la fois. En fait, quand je fais un Golden City, je travaille dessus du début à la fin, je fais un album tous les deux ans. J’essaye de tenir vraiment ce rythme et, entre deux albums, cela me laisse un peu de temps pour travailler sur les projets avec Aire Libre.
N’est-ce pas compliqué de devoir passer d’un contexte futuriste à un contexte historique graphiquement parlant ?
Non, mais une fois que j’ai terminé Golden City, je peux vraiment me plonger dans les BD historiques et cela se fait facilement. J’ai eu une première session de travail entre deux tomes de Golden City où j’avais fait tous les story-boards, finalisé le scénario et réalisé une vingtaine de pages. Ensuite, une fois que j’ai terminé le tome 12 de Golden City, j’ai dû enchaîner pendant deux ans une cinquantaine de pages de Cézembre dessinées et les 46 pages du nouveau Golden City. Je n’ai rien fait d’autre à côté. Ce n’est pas du tout le même travail, sur Golden City l’imaginaire est très libre, c’est de la science-fiction alors que Cézembre me demande beaucoup de documentation. Parfois sur une case il me faut sortir 4, 5 voire 6 bouquins et une dizaine de photos pour essayer de reconstituer un décor, c’est donc beaucoup plus long.
Comme tu le dis, les lecteurs semblent conquis par ton travail sur Cézembre, cela doit être une certaine fierté pour toi qui vit désormais en Bretagne de mettre la région à l’honneur ?
L’album marche très bien et il y a effectivement plus d’écho en Bretagne, surtout sur Saint-Malo parce que les Malouins aiment énormément que l’on parle de leur ville, qu’on les mette en valeur. C’est un album très bien accueilli d’ailleurs et j’ai une tournée de dédicaces qui privilégie évidemment la Bretagne mais je vais aller jusqu’à Istres ou sur Paris, même si j’essaie de ne pas trop m’éloigner non plus. Pour revenir à la question, je suis très heureux du travail que j’ai accompli sur ces deux albums. Cela fait à peu près douze ans que je vis dans la région de Saint-Malo.
As-tu eu peur que tes lecteurs aient abandonné tout espoir de connaître la fin ?
Pour moi il était clair que j’allais terminer cette histoire. Après il peut y avoir une appréhension c’est certain, mais celle que j’avais vraiment c’était plutôt que l’album soit mal reçu parce qu’il n’était pas assez bien écrit ou qu’il ne soit pas à la hauteur des attentes. Les premiers retours montrent que l’album est très bien reçu et que les lecteurs apprécient beaucoup l’histoire, donc ça c’est vraiment un point très positif et j’en suis très heureux.
Cette tournée peut également permettre de faire découvrir ton travail sur Golden City aux lecteurs de Cézembre.
Effectivement il y a un public qui va lire les deux, il y a un public qui va me connaître avec Cézembre et qui ira peut-être effectivement vers Golden City plus tard et il y a un public qui n’aime que la science-fiction et le fantastique ou que l’historique. C’est évidemment très bien si Cézembre peut aussi faire découvrir mon travail sur Golden City et vice versa.
Cette expérience t’encourage-t-elle à continuer à écrire tes propres histoires ?
Effectivement je travaille en ce moment sur un prochain scénario. Quand j’ai commencé Cézembre, j’avais envie de raconter des histoires et cela ne date pas d’aujourd’hui puisque dès le plus jeune âge j’ai eu cette envie. J’ai beaucoup aimé créer ces personnages, leur donner une vie, un caractère, une motivation et puis les mettre dans les problèmes. Venait ensuite leur destin et parfois c’est eux qui choisissaient parce que leur réaction était presque prédestinée à l’histoire. C’est passionnant à faire. Pour le nouveau projet, je suis dans une phase où je consulte beaucoup de documentations pour m’imprégner du contexte, trouver des idées, rechercher des témoignages. Mes personnages sont déjà en place, il suffit juste maintenant de leur faire vivre l’aventure. Ce sera un récit lié à la guerre, un récit contemporain du XXème siècle.
Cézembre semble en tout cas avoir recueilli un très beau succès en Bretagne, une exposition d’originaux tirés des deux tomes est d’ailleurs organisée à la librairie Momie de Saint-Malo. Comment vois-tu le regard des Malouins vis-à-vis de ton travail ?
Le souci que j’ai eu de faire un travail précis et juste sur la reconstitution a été apprécié par les Archives départementales de Rennes qui ont consacré une exposition pour le tome 1 en 2013 et j’ai participé aussi à une autre exposition. Du coup, on retrouve dans la réédition du tome 1 et l’édition du tome 2 un carnet historique qui a été séparé en deux et qui avait été préparé par les Archives départementales de Rennes. Ainsi on peut suivre toute la progression de la grande bataille de Saint-Malo et y replacer les personnages fictifs. La bande dessinée m’a permis en tout cas lors de sa réalisation de rencontrer des gens qui m’ont aidé et aujourd’hui de rencontrer d’autres personnes qui ont envie que je parle de mon expérience sur Cézembre, sur la réalisation puis sur les connaissances que j’ai de cette histoire en participant à des interventions pédagogiques dans les collèges et les lycées ou des conférences avec le public.
Un petit mot sur le 13ème tome de Golden City ?
On y retrouve du mystère, du voyage, des jolies filles. J’aime beaucoup cet album, j’ai pris beaucoup de plaisir à le dessiner, on voyage beaucoup et je pense qu’il sera très apprécié. Toute l’intrigue va se centrer sur Banks. On est vraiment dans un bel album classique de Golden City, on va partir dans des pays avec beaucoup de couleurs. On sera dans Golden City dans l’espace et on va partir du côté de la Russie, les enfants vont faire un voyage lors d’un carnaval dans une ville très célèbre…
Et maintenant, ton actu ?
Je travaille sur le nouveau projet, je vais réaliser le synopsis. Je ne sais encore pas si je vais faire deux ou trois albums. Tout dépend de la matière que je vais pouvoir trouver dans mes lectures. Si je trouve des angles narratifs qui sont vraiment originaux, je prendrai un peu plus de place pour raconter ce que j’ai envie. Ce sera une série publiée chez Aire Libre qui est une très belle collection.
Merci à toi.
De rien, au plaisir !
Propos recueillis par Nicolas Vadeau
Interview réalisée le 26 octobre 2019.
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