Parfois, l’occasion fait le larron ! C’est le cas pour cette entrevue avec Mateo Guerrero. Cet auteur espagnol travaille depuis quelques années déjà avec Le Lombard et nous vous proposons de faire plus ample connaissance avec le personnage. Entrez dans l’arène aux côtés de ce dessinateur bourré de talent le temps de quelques questions. Et Gloria Victis !
Bonjour Mateo. Tu as débuté ta carrière en Espagne en dessinant pour l’éditeur Paneta DeAgostini, ainsi que pour le quotidien El Pais. Quels enseignements as-tu tiré de cette période ?
Bonjour. J´étais très jeune. Et j´ai essayé de faire les projets que je voulais. J´étais plus « fan » que professionnel. Avec Crónicas de Mesene, j´ai appris beaucoup de choses sur ce métier en travaillant avec Roke González, le scénariste de la série. En ce qui concerne Cazadores en la Red pour El Pais, je n’ai pas profité de l’opportunité que cela représentait. Mais, d´un autre côté, j´ai écrit et dessiné mes premières planches dans ce grand quotidien. Et c´est une bonne chose.
Ensuite, est venue l’expérience Comics aux Etats-Unis avec Warlands: Age of ice.
Ça a été une bonne expérience, parce que j´ai réalisé douze comic-books en une année. Et je ne savais pas si j´étais capable de dessiner douze livres en un an. D´un autre côté, j’ai travaillé avec Brian Augustyn et j´ai appris beaucoup de choses avec lui.
Quels ont été les points négatifs de cette aventure américaine ?
La seule chose négative a été que comme je n´ai pas dessiné un comic-book de super-héros, je n´ai pas travaillé pour le «grand» marché américain. A cette époque, le style graphique prédominant était le réalisme de Bryan Hitch. Donc, je n’ai pas trouvé d’opportunité me permettant de continuer à travailler pour les States.
Puis tu reviens au franco-belge avec Dragonseed aux Humanoïdes Associés. Un retour aux sources nécessaire ?
Pour moi, l´opportunité de travailler chez les Humanoïdes Associés a été une belle surprise. Nicolas Forsans, l´éditeur, avait montré beaucoup de confiance dans mes dessins. Le premier tome a été un vrai cauchemar, parce que j’ai dû apprendre la narration franco-belge de la BD du coup. Dans le deuxième tome, tu peux voir l’évolution de la narration. Ça a été un honneur de travailler chez les Humanos.
Tu as une belle capacité d’adaptation graphique. Souhaiterais-tu un jour t’essayer au manga ?
Maintenant, je suis heureux avec le format BD classique. Mais il y a trop de choses que je voudrais essayer dans l’avenir. Un manga est une de ces choses à faire.
S’ensuit une collaboration chez Le lombard pour Beast, Turo et Gloria Victis. Entre ces trois séries, les styles narratifs et graphiques sont très différents. Comment as-tu géré ces changements ? Est-ce une volonté de te remettre en question à chaque nouveau projet ?
Une des choses les plus importantes pour un dessinateur, c’est l´adéquation graphique et narrative au projet. Le style graphique de Turo ne marche pas avec l´histoire de Gloria Victis. Et c´est intéressant pour apprendre plus dans notre travail que de se remettre en question.
Nous avons d’ailleurs eu beaucoup de plaisir à suivre Turo dont la fin appelle une suite. Qu’en est-il ?
J´ai pensé à la possibilité de tuer Léa. Mais… quand je suis arrivé à l´épisode final, je n´ai pas été capable de la tuer ! De cette façon, j´ai choisi d´ouvrir une fenêtre d´espoir. Je voudrais vraiment écrire, dans l´avenir, une suite pour ces personnages !
Gloria Victis est la série du moment. Un péplum social qui est né d’une visite au musée archéologique de Cuenca. Peux-tu nous en dire quelques mots ?
Juanra, le scénariste, m´a offert le concept de Gloria Victis. Un péplum sur le sport le plus grand de l’Antiquité romaine, les courses de quadriges. Il avait vu la pierre tombale d’Aelio Hermeros, un aurige de Valeria qui est mort à Ilici pendant une course… Le concept m´a semblé très intéressant. Je l´ai présenté à mon éditeur qui a bien accroché à l’idée. Et de là, on a commencé à travailler ensemble sur la série. Nous avons recherché plus d´informations sur le monde des courses de chars.
Pour dessiner les décors, les habits et objets du quotidien de l’époque, je suppose que les recherches, là aussi, ont été assez conséquentes ?
Oui, on a beaucoup travaillé sur cette question. En on continue les investigations !
D’où vient ton sens du cadrage ?
Un peu de tout… de mes lectures de BD, des films que j´adore. Mais c´est un aspect que j´ai construit tout au long de ma carrière.
As-tu un secret pour retranscrire les expressions corporelles de tes personnages (humains ou animaux) de manière aussi incroyable ?
Ah, ah, ah ! Mon objectif est de transmettre l’histoire de la façon la plus spectaculaire !
Aimes-tu les chevaux ? Les dessiner est un challenge ou un plaisir ?
J´adore les animaux. Et les chevaux aussi ! Quand j´ai commencé à dessiner la première planche de Gloria Victis, j´étais inquiet à cause des dessins de chevaux. C´est très difficile à dessiner, c’est une grande responsabilité. Je trouve qu’il y a une évolution dans mes chevaux du tome un à maintenant, alors que je suis en train de dessiner le tome 3.
Combien de tomes sont prévus pour Gloria Victis ?
Au début, 4 tomes. Mais on espère avoir plus d’épisodes à faire !
As-tu une idée de ce que tu feras après ?
Pas pour le moment. Je pense que le mieux est de me concentrer sur la réalisation de Gloria Victis.
Merci pour le temps consacré à ces questions, Mateo.
Propos recueillis par Stéphane Girardot.
Interview réalisée le 22 mai 2015.
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