
Alors que Aniel, tome 36 de la série Thorgal sortait en novembre dernier, Grzegorz Rosinski annonçait en parallèle qu’il avait décider d’arrêter de dessiner celle-ci. Son successeur a été désigné en la personne de Fred Vignaux, déjà dessinateur de la série spin-off Kriss de Valnor conclue en octobre. Rencontre avec l’artiste dans les caves de l’exposition éphémère Thorgal au festival d’Angoulême 2019.
Fred, comment s’est déroulé le passage de flambeau ?
Celui-ci s’est passé en deux temps. L’annonce officieuse a eu lieu courant mai, Gauthier Van Meerbeeck (directeur éditorial du Lombard) m’a contacté. Puis il y a eu l’annonce officielle à Bruxelles lors de la présentation par Gregorz du dernier album. C’est une décision collective entre Le Lombard et lui. Gregorz retrouvait un peu de lui dans mon dessin. On peut considérer aussi que c’est un peu une suite logique car dans la continuité des aventures de Kriss et des retrouvailles avec Thorgal.
Y aura-t-il plus de pression pour le premier Thorgal que sur Kriss ?
Il y aura plus de pression sur la technique de dessin car sur Kriss d’autres dessinateurs s’étaient déjà emparés du personnage, donc je ne devais pas m’inscrire dans un style particulier, je pouvais donc conserver le mien. Pour Thorgal, le « gap » ne peut pas être trop important avec le trait de Gregorz mais en même temps, si j’ai été choisi, c’est aussi pour la particularité de mon dessin et donc je vais aussi faire ce que je sais faire le mieux.
Gregorz Rosinski conservera-t-il un droit de regard sur la série ?
Oui, je vais lui soumettre la première vingtaine de planches et il me fera part de ses commentaires. Cette supervision durera le temps qu’il jugera nécessaire.
Quelle sera la technique utilisée ?
Pour la couleur, elle sera faite à l’ordinateur par Gaëtan, qui a fait un travail formidable sur Kriss. Quant au travail sur les dessins et l’encrage de Thorgal, j’ai commencé en traditionnel et puis en fonction du temps qu’il me reste j’adapterai mon travail entre numérique et papier. Le numérique permet de ne pas être tributaire du travail de correction ce qui permet sur certaines planches complexes de faire le meilleur travail possible. Gregorz aime qu’on travaille en tradi sur les planches car c’est aussi une assurance de revenus pour garantir la retraite. Il continuera à faire les couvertures, ce qui est un grand honneur.
Où en est le prochain album ?
Celui-ci a déjà été entièrement écrit par Yann, la moitié est storyboardée et une quinzaine de pages déjà encrées. Il s’agit d’un one-shot mais il y a un fil rouge qui commence à pointer. On va sans doute être rattrapé par le passé de Thorgal….
Quel sera le rythme de parution ?
Les lecteurs étant habitués à deux nouveautés par an, on continue sur le même rythme avec La Jeunesse de Thorgal vers le mois de mars et un Thorgal en décembre.
Le festival d’Angoulême est-il un passage obligé ? Une corvée ?
Non, c’est une belle rencontre. C’est l’un des deux événements majeurs en BD en France et le dernier Kriss n’était pas sorti pour Saint-Malo. C’est donc le « gros » festival pour le défendre, de plus le tirage de tête est sorti en avant-première pour le festival chez BD Empher. Je dédicace également Neige et Ils ont fait l’Histoire chez Glénat. Un festival bien chargé qui met fin à quatre mois de promotion car après je bloque tout pour avancer sur le Thorgal.
Que penses-tu du grand prix de cette année, Rumiko Takahashi ?
L’avantage est que c’est une femme, une des deux seules que la profession aie élue. Ce n’est pas cependant un auteur que je suivais car en manga je suis plutôt SF mais je reconnais bien sûr son talent et elle répond parfaitement au côté international du festival.
Si tu pouvais élire ton propre grand prix ?
J’aurai choisi des noms en « ski » : Jodorowski… Rosinski… et, pour faire une exception, Jean Van Hamme.
Merci beaucoup.
Propos recueillis par Jean-Luc Delorme
Interview réalisée le 25 janvier 2019.
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