- Titre(s) : La Course du siècle
- Scénariste(s) : Kid Toussaint
- Dessinateur(s) : José Luis Munuera
- Coloriste(s) : Sedyas
- Editeur(s) : Le Lombard
- Parution : Octobre 2023
- Prix : 19,95 €
- EAN : 9782808205825
Quel rapport existe-t-il entre Felix Andarín Carvajal, l’homme qui voulait faire la sieste, Thomas Hicks, l’homme qui ne voulait plus être deuxième, Len Taunyane et Jan Mashiani, les hommes qui voulaient s’entretuer, et Frederick Lorz, l’homme qui voulait qu’on parle de lui ? Ils font tout simplement partie des 32 participants du marathon des Jeux Olympiques de 1904 à Saint-Louis aux États-Unis, point culminant des troisièmes olympiades modernes dans une ville aux rues animées qui accueille en même temps l’Exposition universelle. Avec des Américano-grecs, un Français, un Amérindien sénéca, des sportifs rompus à cette discipline et une poignée de gars qui n’ont aucune chance, ces cinq personnes prennent part le 30 août 1904 à 15h03 à la course la plus improbable de l’histoire du sport. Organisée de bout en bout par James E. Sullivan, qui n’a absolument pas accepté le camouflet des jeux précédents en France et en veut terriblement à Pierre de Coubertin, l’épreuve se déroule sous une chaleur écrasante et un taux d’humidité étouffant. Elle n’est en fait qu’un prétexte pour sa vengeance et pour étudier les effets de la déshydratation, sur une distance d’un peu plus de 42 kilomètres, sur des sportifs de différentes “races”.
C’est sur un ton résolument léger mais sur la base d’une très sérieuse documentation, dont un échantillon est présent en fin d’album, que Kid Toussaint aborde la course la plus improbable de l’Histoire du sport : le marathon des Jeux Olympiques de 1904. Un événement qui est peu voire pas du tout connu du grand public, probablement parce que cela date mais aussi et surtout parce que son organisation était “étrange”, amorale pourrait-on dire, à plus d’un titre et qu’il était préférable de ne pas trop en parler. Il est clair que derrière celle-ci il y avait une volonté de vengeance et que tout a été fait pour favoriser les Américains : le timing en fonction des températures, le dopage organisé, le choix des participants, la présence d’un seul point de ravitaillement sur le parcours, etc. Quoiqu’il en soit, c’est avec un grand plaisir que nous vivons ce marathon aux côtés des personnages que le scénariste a parfaitement caractérisés par rapport à la réalité. De même, l’auteur n’oublie pas l’Exposition universelle accueillie en même temps par la ville de Saint-Louis, qui lui sert à mettre en avant le fait qu’à cette époque l’homme blanc se croit en tout point supérieur et en droit d’exposer les minorités tels des animaux dans un zoo. José Luis Munuera met en images ce récit truculent à la perfection via un dessin à la fois classieux et énergique qui nous embarque littéralement. Le trait est d’une belle légèreté et complètement dans l’époque, bien aidé en cela par une colorisation aux teintes surannées réalisée avec soin par Sedyas.
Un sujet original et méconnu dont tout l’intérêt est révélé par le travail remarquable du trio d’auteurs.
Stéphane Girardot
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