Titre : Contrecoups – Malik Oussekine
Scénariste : Laurent-Frédéric Bollée
Dessinatrice : Jeanne Puchol
Éditeur : Casterman
Collection : Écritures
Parution : Mars 2016
Prix : 18,95€
Malik Oussekine aurait eu 50 ans le 18 octobre 2014. Quelle aurait-été sa vie ? A quoi ressemblerait-il ? Serait-il resté en France ou bien vivrait-il sur la terre de ses parents en Algérie ? Que savons-nous de lui ? Sa famille habite à Meudon-La-Forêt dans une tour de cité où se retrouvent souvent les immigrés. Il est atteint d’une maladie des reins le contraignant à passer des heures en dialyse. Cependant, en septembre 1986, il réalise un rêve en voyageant aux Etats-Unis. Il est alors étudiant à l’École Supérieure des Professions Immobilières. Nous sommes à l’ère de la première cohabitation, débutée en mars 1986, et Alain Devaquet présente la loi visant à réformer les universités. Les étudiants se mobilisent comme jamais depuis mai 1968. Cependant, Malik Oussekine est mort le 6 décembre à l’âge de 22 ans alors que la Sorbonne venait juste d’être évacuée. Que s’est-il réellement passé ?
Cela fait trente ans que Malik Oussekine est mort et c’est un drame qui n’a jamais quitté l’esprit de Laurent-Frédéric Bollée (XIII Mystery), lui-même étudiant en 1986 lors des événements. Le scénariste a écrit Contrecoups parce qu’il était prêt à le faire. Il était temps pour lui de réaliser cette bande dessinée qui s’inscrit dans le devoir de mémoire, pour ne pas oublier ce qui s’est passé. Une fiction qui révèle un pan d’Histoire récente qui a marqué la société française. L’auteur, après avoir planté le contexte, développe les fameuses journées des 5 et 6 décembre 1986 avec beaucoup de pudeur et de respect mais sans hésitation quant à dévoiler la vérité. Malik Oussekine n’apparaît que très peu dans le récit afin de concentrer celui-ci uniquement sur les conséquences des actes des policiers – des P.V.M. (Pelletons Voltigeurs Motorisés) mais aussi de l’I.G.S. (Inspection Générale des Services) – avant, pendant et après les manifestations ainsi que sur la vie de ceux – fictifs ou pas – qui ont croisé le jeune étudiant dans ce laps de temps ou le côtoyaient. La retranscription graphique de Jeanne Puchol (Vivre à en mourir), dans une veine réaliste, est à la hauteur de l’histoire. La dessinatrice sert une mise en images sobre et pleine d’égard qui rend un bel hommage à Malik.
Pour ne pas oublier et, peut-être, ne pas reproduire les mêmes erreurs !
Stéphane Girardot
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