- Titre(s) : Constellation
- Scénariste(s) - Dessinateur(s) - Coloriste(s) : L’Homme Étoilé
- Editeur(s) : Le Lombard
- Parution : Avril 2024
- Prix : 20,95 €
- EAN : 9782808213134
Mona est une femme de caractère qui cache ses émotions par couches, à l’image de celles d’un oignon ; Nino, que ses jambes ont « lâché », perd petit à petit l’usage de ses mains ; France, quant à elle, est une fervente croyante et pense offenser Dieu car elle ne souffre pas grâce aux soins prodigués par les soignants ; Olivier est comme un grand enfant d’une timidité maladive et, à cause de cela, il peine à exprimer ce qu’il ressent au corps médical. Toutes ces personnes sont des malades « ordinaires » mais elles partagent un point commun : celui de faire partie de la Constellation de patients que L’Homme Étoilé a accompagnée dans sa vie d’infirmier du service des soins palliatifs. Le grand gaillard d’1,93 mètre nous invite à nouveau dans les coulisses de ces montagnes russes émotionnelles permanentes que représente son ancien lieu de travail.
Les premières œuvres de L’Homme Étoilé (À la vie !, Je serai là ! et Je suis au-delà de la mort) nous ont permis de découvrir le service méconnu des soins palliatifs. Constellation poursuit dans cette voie mais avec quelque chose en plus : une dimension plus intimiste. En effet, ces tranches de vie à côtoyer la mort que l’auteur expose ici sont les dernières qu’il lui restait à digérer. Le processus a été plus long pour ces relations avec ces malades tant elles ont généré de l’affect chez lui. Comme précédemment, les qualités narratives des saynètes, à la pagination variable, ont un effet profond chez le lecteur. Les émotions transpirent des planches et chamboulent au point de faire s’exprimer les glandes lacrymales. La simplicité et l’honnêteté de cette transmission font la force de cette bouleversante bande dessinée. Heureusement, l’humour est aussi présent pour nous faire pleurer… de rire avec le repas de Luciana ou les blagues ratées de Xavier ! Le barbu tatoué est un homme généreux avec ses patients mais aussi avec ses collègues à qui il fait une place dans sa bande dessinée. Ainsi, l’intérimaire Constantin et sa collègue Julie, qu’il surnomme ici La Femme Étoilée, émeuvent à leur tour. La représentation graphique de l’ensemble va efficacement à l’essentiel et se trouve parfaitement exacerbée par une approche monochrome bleutée de la colorisation, un ton froid en phase avec le thème qui est toutefois contrasté par quelques petites touches – jaunes, rouges, etc. – plus chaudes à l’image de la couverture mise en couleurs par Hélia.
Une BD à prescrire de toute urgence contre remboursement de la sécurité sociale !
Stéphane Girardot
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