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Titre : Comment devient-on raciste ? – Comprendre la mécanique de la haine pour s’en préserver
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Ismaël Méziane
Éditeur : Casterman
Parution : Mai 2021
Prix : 16€

Les multiples propos racistes dont Ismaël Méziane fait l’objet le mettent en colère, très en colère. Il en discute avec son psychiatre afin d’essayer de comprendre ce sentiment, l’analyser et le disséquer, car il refuse de céder à cette violence qui l’étouffe. En parallèle, après avoir entendu et lu le discours d’Albert Camus et visité l’exposition « Nous et les Autres » au Musée de l’Homme à Paris en 2017, il décide de réaliser, avec les commissaires de l’événement, Évelyne Heyer et Carole Reynaud-Paligot, respectivement anthropologue généticienne et historienne, une bande dessinée afin de comprendre en profondeur les mécanismes à l’origine du racisme. Ces dernières s’engagent alors avec enthousiasme lors de plusieurs rencontres dans un exposé très détaillé où trois étapes sont à prendre en compte : la catégorisation, la hiérarchisation et l’essentialisation. Elles sont à la base du raisonnement raciste. Une manière de réfléchir qui amène aux préjugés. Ceux-là mêmes dont découle la discrimination !

Ismaël Méziane est un auteur qui a des choses à dire. Et quand il le fait, il le fait bien, voire excellement bien. Nous en avions déjà eu un aperçu avec sa série Nas poids plume chez Glénat. Comment devient-on raciste ? a été créé avec la même passion et la même sincérité. Pour cela, le dessinateur s’est mis en scène dans cet album qui apparait alors à la fois comme une quête personnelle et un exposé didactique permettant d’appréhender les mécanismes qui mènent au racisme. Un exercice périlleux qu’Ismaël Méziane a réalisé avec brio. C’est donc à travers une véritable mise à nu, sans faux-semblant, et à l’aide des informations ô combien précieuses d’Évelyne Heyer et Carole Reynaud-Paligot, mais aussi d’ouvrages de référence, qu’il nous explique de manière claire et intelligible la thématique abordée. Et tout coule de source ! La lecture, des plus instructives, est parfaitement servie par un dessin honnête allant à l’essentiel et une mise en couleurs pleine de douceur, une composition graphique qui offre une sensation de paix malgré le sujet. Bien sûr, impossible de passer sous silence le concept même de l’ouvrage qui – cela n’aura pas échappé aux lecteurs – fait furieusement penser à la génialissime collection La Petite Bédéthèque des Savoirs du Lombard, créée par Nathalie Van Campenhoudt et David Vandermeulen, directeur de collection. Nous remercions donc l’éditrice d’avoir prolongé cette aventure dans sa nouvelle demeure éditoriale sous un format différent, certes, mais avec le même objectif : le savoir pour tous à travers la bande dessinée.

Une œuvre essentielle et donc indispensable !

Stéphane Girardot