Titre : Iran, 1953
Scénariste : Tristan Roulot
Dessinateur : Christophe Simon
Coloriste : Alexandre Carpentier
Éditeur : Le Lombard
Parution : Septembre 2021
Prix : 14,75€
1953, Téhéran. Le premier ministre, le docteur Mossadegh, exécute sa promesse électorale de nationaliser les puits de pétrole et par la même occasion « chasse » les Anglais du pays. Ces derniers exploitaient le pétrole iranien depuis le début du XXe siècle via l’Anglo-Iranian Oil Company en ne leur laissant que quelques miettes et il fallait y mettre un terme. Cependant, en faisant cela, l’homme politique s’est fait beaucoup d’ennemis et a suscité l’appétence de nombreuses personnes. C’est dans ce contexte électrique qu’évolue Jean d’Arven. Le plus jeune ambassadeur de France est mandaté pour proposer un soutien technique à l’Iran tout en évitant de froisser les alliés français, anglais et américains, qui pour les uns viennent de subir un revers et pour les autres redoutent que l’Iran se tourne vers les communistes. Mais toutes ses actions diplomatiques, déployées avec l’aide de son ami Jacques, vont malheureusement être stoppées car, dans les coulisses, la CIA prépare le premier coup d’état intérieur, une opération dont les conséquences au niveau des relations internationales se font encore ressentir aujourd’hui.
Absolument passionnant ! C’est le premier mot qui vient à l’esprit une fois la dernière page de cet album de Chroniques diplomatiques tournée, ce d’autant plus après avoir lu le dossier de six pages qui le conclut. Tristan Roulot, qui nous avait complètement emballés avec ses talents de vulgarisateur pour son thriller financier Hedge Fund, réitère ici la prouesse mais dans un autre domaine : le monde diplomatique. Le scénariste n’a pas son pareil pour rendre accessible à n’importe quel quidam ce qui pourrait paraître incompréhensible. Ce premier opus de la série porte sur un événement relativement méconnu du XXe siècle, le premier coup d’état intérieur de l’Histoire en Iran, et, pour l’écrire, Tristan Roulot a réalisé un travail de documentation important qui a été facilité par la déclassification des archives du Quai d’Orsay et celles de la CIA en 2013. Pour avoir le ton juste, l’auteur peut également compter sur son frère qui est diplomate au Quai d’Orsay et a passé le concours d’Orient à Sciences Po à l’instar de ses héros Jean et Jacques, tout comme il a pu compter sur Philippe Sabbah et son expertise des marchés financiers pour Hedge Fund. L’homme a les bonnes connexions ! Le duo de héros, liés à la vie à la mort, qu’il met en place est vraiment très bien trouvé. Leur amitié est définie de telle manière qu’un doute plane sur la nature de leur relation. L’association avec le dessinateur Christophe Simon (Kivu) résulte d’une volonté éditoriale qui se révèle fort heureuse. En effet, son style «suranné » correspond parfaitement au genre et à l’époque où se déroule l’action. Ce dernier s’est d’ailleurs inspiré de David Bowie et Alain Delon pour le design de Jean d’Arven et de Lino Ventura et Pier Paolo Pasolini pour les traits de Jacques. Une belle prestation exacerbée par la magnifique mise en couleurs d’Alexandre Carpentier.
Une nouvelle série de très très belle facture, et instructive de surcroît, à suivre sans aucune hésitation.
Stéphane Girardot
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