
© 2018 Casterman
Titre : Un con en hiver
Scénariste : Benoît Sokal
Scénariste – Coloriste : Hugo Sokal
Dessinateur : Pascal Regnauld
Éditeur : Casterman
Collection : Ligne rouge
Parution : Février 2018
Prix : 11,50€
Suite au carnage survenu au duché du Belgambourg, la Duchesse Bérénice a fait mettre sous les verrous ce bon vieux Canardo. Il faut dire qu’elle n’avait que lui sous la main comme bouc émissaire pour conforter dans la tête de ses sujets que les crimes ne restent pas impunis. Mais aujourd’hui elle vient lui rendre visite incognito, eu égard à son rang et sa fonction, pour lui proposer un marché. Dans un premier temps, le privé palmé réagit violemment en la traitant de grosse saloperie et d’immonde truie vérolée mais, comme il n’a pas vraiment le choix, il écoute sa proposition. Le deal est plutôt simple. La duchesse le sort de ce cloaque à la seule condition qu’il l’aide à résoudre un problème avec son père, le Duc Léon, qui commence sérieusement à déféquer dans le ventilo, preuve 2.0 à l’appui ! Il accepte pour sortir de son trou, mais autant vous dire sans ambages qu’après avoir été le dindon de la farce belgambourgeoise, Canardo sera le con en hiver au cœur d‘un enlèvement perpétré par des mahométans salafistes aux conséquences inattendues pour le Duché. Cependant, les services secrets de Wallonie et leur agent aux yeux verts suivent cette affaire de près. En un mot comme en cent, ça sent la fiente !
Benoît (Aquarica) et Hugo Sokal nous servent un Canardo de haut vol avec Un con en hiver. Le récit surfe sur un sujet on ne peut plus d’actualité, le djihadisme et son terrorisme, à travers un groupe de mahométans dont le plan vise le château de Bouillon qui appartenait à Godefroy de Bouillon, un des premiers à répondre à l’appel des croisades. Tout un symbole ! Sans oublier qu’en impliquant le duché du Belgambourg dans tout cela, nous sommes à nouveau dans une satire du pouvoir, du monde des finances et les conséquences finales de cette affaire sur le petit paradis fiscal sont assez surprenantes. Et nous ne nous étions pas trompés lors de notre précédente chronique lorsque nous parlions de l’agent SSW0012 ! L’histoire est très prenante certes, mais ce qui fait la force de cet opus, ce sont les dialogues « aux petits oignons » d’une truculence digne de Michel Audiard. Canardo, la Duchesse Bérénice et le Duc Léon ont des répliques d’une acerbe finesse qui régale. Les noms des scouts sont très drôles aussi. Pascal Regnauld, en ce qui concerne la partie graphique, déroule sa maîtrise de l’univers du détective palmé avec bonheur. Si la couverture n’est pas des plus réussies, le contenu de l’album est complètement à la hauteur des attentes. Hugo Sokal, qui en assure également la mise en couleurs, met bien valeur le trait du dessinateur avec une palette chromatique en phase avec les ambiances.
Un excellent opus aux dialogues truculents qui promet une suite où certains vont se faire voler dans les plumes !
Stéphane Girardot
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