Philippe Fenech est un dessinateur dont nous suivons le travail depuis de nombreuses années. Il était présent lors du dernier festival Quai des Bulles de Saint-Malo, nous sommes donc allés lui poser quelques questions et notamment sur sa série phare : Mes Cop’s.
Bonjour Philippe, j’aimerais tout d’abord revenir sur les prémices de la série Mes Cop’s débutée il y a deux ans en collaboration avec Christophe Cazenove et Camille. Comment est née cette série ?
Alors c’est tout simple, c’est plus ou moins né il y a longtemps. J’ai rencontré Christophe à mes tout débuts, d’ailleurs il commençait aussi, et nous avons eu assez rapidement envie de travailler ensemble. Chacun de nous était pris par nos projets et nous n’avons jamais trouvé le temps avant que Christophe n’ait l’idée de la série Mes Cop’s. Pour trouver le dessinateur de la série, Christophe a proposé un concours chez Bamboo, ouvert aussi bien aux pros qu’aux amateurs et il a lourdement insisté auprès de moi pour que je participe. L’idée de travailler avec Christophe me plaisait tellement que j’ai accepté même si ce n’était pas vraiment mon univers de prédilection. J’ai bien failli ne pas envoyer ma planche mais Camille, ma compagne, a insisté pour que je le fasse et elle a plutôt bien fait puisque c’est moi qui ait été choisi malgré une forte participation au concours.
Ta fille lit-elle la série et qu’en pense-t-elle ?
Quand j’ai commencé à travailler sur Mes Cop’s, elle était un peu jeune pour la lire donc je ne m’en suis pas vraiment inspiré, je lui montrais juste quelques gags par-ci par-là mais maintenant elle est pile dans l’âge pour apprécier la série puisqu’elle a dix ans. Elle est archi fan de la série ainsi que ses copines, elle connaît tous les gags par cœur, tellement bien qu’elle les connaît des fois mieux que moi. Elle me donne un coup de main à l’occasion, quand un personnage réapparaît dans le scénario et que je n’ai pas dessiné depuis longtemps, je lui demande dans quel tome il apparaissait et elle me le retrouve de suite. Elle est également une aide précieuse dans mon travail car quand j’ai un doute sur mon dessin, que j’ai peur qu’on ne comprenne pas, je lui fais lire les gags, parfois sans les bulles quand je pense que c’est le dessin qui va poser un problème et parfois carrément le gag entier pour voir si ça fonctionne.
Tu as fêté tes 10 ans de carrière l’an dernier, ta bibliographie commence à être chargée pourtant Mes Cop’s s’apparente comme ton premier succès commercial. Heureux ?
Très heureux, oui. Cela m’est déjà arrivé de dessiner d’autres choses sous des pseudos qui se sont plutôt bien vendues mais ce n’était pas vraiment mes albums, je n’en étais pas spécialement satisfait, c’est d’ailleurs pour ça que j’ai arrêté ce travail de commande. Du coup, de voir ma première série personnelle qui fonctionne bien en librairie, ça me fait très plaisir et ça me conforte dans le fait que j’ai eu raison de persévérer. Par contre, je n’ai jamais eu à me plaindre car j’ai toujours eu du travail sur des séries qui ont eu assez de ventes pour que l’on continue à me faire confiance.
Au fond, un succès tient à quoi ?
Il y a une partie de hasard et c’est également une série qui est arrivée au bon moment, ce thème-là était abordé par Les Nombrils mais de façon différente puisque le public visé par cette série est un peu plus âgé que pour la nôtre. Notre lectorat se situe entre celui des Sisters et des Nombrils. Parler des copines quand on est une jeune fille, il n’y a que ça qui compte, je le vois avec ma fille. Le succès tient également à la manière de procéder de l’éditeur, Bamboo est très fort pour vendre ce type de projet-là. Ils ont mis le paquet et ils ont fait ce qu’il fallait pour vendre la série. C’est un ensemble de choses qui font le succès d’une série.
Christophe Cazenove, Camille et toi êtes partis pour combien de tomes ?
Il faudrait poser la question à Christophe mais personnellement je me vois bien continuer encore un moment sur cette série. A chaque tome, j’essaye une technique différente au niveau du dessin même si personne ne s’en rend compte, cela me permet de ne pas m’ennuyer. Je m’amuse vraiment sur les planches des Cop’s, je prends le temps de m’y consacrer, maintenant encore plus qu’avant car je me suis dégagé de plein de choses au niveau du travail pour me focaliser sur cette série. Les planches qui arrivent seront, je pense, meilleures que les précédentes. Je suis également très content des couleurs de Camille, c’est une fille et, vu que nous sommes deux garçons au scénario et au dessin, il est important d’avoir une touche féminine. De plus, Camille est passionnée de mode et peut donc me reprendre si je fais fausse route sur mes cases au niveau vestimentaire.
Tu as aussi bien dessiné des séries de gags en une planche que des histoires complètes. As-tu une préférence entre les deux formats ?
Ma préférence c’est d’alterner les genres. J’ai vraiment appris le gag avec Bamboo et plus précisément Olivier Sulpice et Christophe Cazenove qui ont un regard sur le gag que je trouve parfait. Avant j’avais ma série Un héros presque parfait sur laquelle je me suis énormément amusé à dessiner mais cela manquait un peu d’efficacité car je cherchais à trop en faire. En arrivant chez Bamboo, j’ai appris que des fois, en simplifiant, le gag est plus évident et impactant. Dorénavant je me sens plus à l’aise dans le gag, il y a cinq ans j’aurais plutôt montré une préférence pour les histoires longues.
Ton année 2016 s’annonce chargée il me semble.
Il y aura effectivement deux tomes des Cop’s qui sortiront en librairie et peut-être un spin-off des Cop’s. J’aimerais également trouver un projet BD pour réaliser une aventure complète moins moderne car j’ai peur de tourner en rond et de ne plus m’amuser si je ne fais que du gag.
Merci à toi d’avoir répondu à nos questions.
Propos recueillis par Nicolas Vadeau.
Interview réalisée le 23 octobre 2015.
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