C’est avec un immense sourire que Fanny Lesaint a eu la gentillesse de nous ouvrir les portes de son studio sablais afin de nous présenter Lolonoa – Journal d’un pirate des Caraïbes. Ce cahier graphique nous raconte l’histoire de François L’Olonnois, terrible flibustier issu des Sables d’Olonne, qui sillonna les mers des Caraïbes au XVIIe siècle.
Bonjour Fanny ! Racontez-nous de quelle manière avez-vous eu connaissance de « Lolonoa » ?
C’est Michel, mon éditeur des éditions du Beaupré qui est à l’origine du projet. J’avais fini de travailler sur la marquise Victorine aux éditions CVRH (Centre de recherches et Maison d’édition), et je ne savais pas si j’allais continuer à faire de la bande dessinée. Passionnée de flibusterie, il m’a donc proposé ce travail afin de mettre un peu plus en avant le côté « réaliste » des pirates. Il désirait s’affranchir de l’aspect romancé que l’on connait pour privilégier le rôle presque « politique » que la flibuste a joué aux Caraïbes. Il va d’ailleurs éditer une biographie de L’Olonnois, ainsi qu’un dictionnaire de la flibuste, qui devrait sortir après le Vendée-Globe, en Octobre. A propos de L’Olonnois, c’était un personnage qui avait la réputation d’être d’une grande cruauté. Originaire des Sables d’Olonne, il était plus connu outre-Atlantique où on lui attribuait des pratiques vraiment sanguinaires, peut-être liées à ses relations avec les indiens locaux.
Vous avez baptisé son vaisseau « L’Aurore » (le nom n’ayant pas été établi avec certitude) en référence avec le nouveau monde. Est-ce un sujet qui vous passionne ? Aurons-nous le plaisir de vous voir travailler sur ce thème par la suite ?
Je ne le pense pas, parce que je ne suis pas forcément figée dans des récits historiques, anciens. L’histoire pour moi peut être récente, complètement contemporaine. Bon… Je dis rapidement « je ne le pense pas », mais je ne suis pas fermée non plus. Je me passionne facilement pour un projet, pour peu qu’il me séduise. Si vraiment on me propose quelque chose qui m’intéresse, je peux « plonger », sans aucun doute. En tout cas, je ne me considère pas « figée » dans un registre plus qu’un autre, non. Dans Lolonoa, les références historiques et littéraires sont nombreuses et particulièrement précises.
Comment se sont passées les recherches ?
Les pirates, je n’y connaissais rien, vraiment rien ! J’étais comme tout le monde, influencée par le cinéma Hollywoodien de Pirates des Caraïbes, L’Île au trésor de Stevenson. Pour moi les pirates, c’était ça, voilà ! Puis, récemment, j’ai lu le Long John Silver de Xavier Dorison et Mathieu Lauffray. J’ai adoré ! Le côté mystique, presque proche de la science-fiction, j’ai trouvé cela intelligent, vraiment. Pour en revenir à Lolonoa, j’ai donc été obligé de me documenter sur la flibuste en général. Il a fallu que je me forge un univers très différent de ce qu’on a l’habitude de lire ou regarder. Pour cela, Michel, mon éditeur, m’a prêté plusieurs livres sur la piraterie dans les caraïbes, et il y en a un qui m’a particulièrement marqué, c’est Eux les vaches, nous les porcs de Carmen Boullosa. Dans son livre, l’ambiance y est très lourde, très chaude, un peu comme dans le film 12 ans d’esclavage. On y découvre les boucaniers, les Caraïbes vues de la terre, et non pas forcément de la mer. Je me suis dit que c’était cela qu’il fallait que je fasse ressentir au travers de mon dessin. C’est vraiment quelque chose que j’ai adoré : la découverte et l’illustration d’un univers que je ne connaissais pas.
N’étiez-vous pas inquiète d’aborder le sujet de la piraterie, ce sujet étant déjà si souvent abordé ? Par quel auteur avez-vous été influencée ? Inquiète ?
Si, un peu, quand même. Je n’ai pas la prétention de rivaliser avec des auteurs comme Pellerin, Delitte ou bien encore Matthieu Lauffray, lequel m’a vraiment bluffé avec son Long John Silver, je le répète. Je me suis posé la question « Que peut-on apporter de plus ? » J’ai donc convenu de situer une partie de l’action dans son environnement local là-bas, dans ses îles. Je me suis mis à aborder le sujet des anecdotes historiques, comme les colons et leurs contrats d’engagement. Egalement, on voit comment les pirates, en devenant boucaniers, pratiquent le tir de précision, enfin toutes sortes de sujets qui apportent un petit « plus » différent à l’image que les lecteurs pourraient avoir de la flibusterie.
Et dans un autre registre, pourriez-vous nous parler d’Olive, ce personnage que vous avez créé ?
Aaah, Olive… quel personnage ! Il y a quelques années, on m’a demandé de faire la jaquette d’un disque pour le groupe « Les Trompettes d’occasion ». Le saxophoniste, qui s’appelait Olivier, décida que l’album s’appellerait Olive & la trompette. Je me suis donc surprise à créer une petite nana, comme çà, avec les cheveux courts, un peu années folles. Olive était née. Le projet étant dans les tiroirs, en 2012, nous nous sommes amusés avec deux amis à ressortir Olive en l’habillant d’un maillot de bain à rayures, et nous nous sommes mis à créer des événements sablais autour d’elle, comme çà, pour s’amuser. Ainsi, il y a eu par exemple le concours Olive sur la plage, des choses comme çà. Tout cela sans objectif aucun, juste pour avoir un projet commun avec mes amis. Et puis, finalement, à l’occasion du Vendée Globe, en octobre prochain, sortira un livre intitulé Olive adopte un skipper, où on pourra découvrir qu’Olive, malgré toute sa bonne volonté, n’est vraiment pas douée pour les choses de la voile (rires).
Merci beaucoup pour cette rencontre.
Propos recueillis par Joël Leroy
Interview réalisée le 23 juin 2016
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