Interviewée il y a un an sur notre site pour parler du cahier graphique de Lolonoa, nous avons eu le plaisir de retrouver Fanny Lesaint à l’occasion de la sortie de son album. Rencontre.
Lolonoa est paru il y a quelques jours seulement, heureuse du lancement de cet album ?
Je suis très heureuse car cela fait deux ans que j’ai commencé à travailler dessus et c’est vraiment ma première BD réalisée dans les règles de l’art avec un éditeur, car ce que j’avais fait avant était plutôt personnel. Je suis plutôt contente de mon travail sur cet album et ravie que les couleurs soient bien sorties à l’impression même si l’imprimeur m’a donné quelques sueurs froides. En effet, il m’a appelé en me disant que les fichiers envoyés étaient inexploitables car il n’y avait pas assez de pixels, il s’agissait tout bêtement d’un paramètre non coché sur Photoshop.
Il s’agit de ta première bande dessinée, mais tu avais réalisé un album d’illustrations sur le thème du Vendée Globe, Olive adopte un skipper. Quelles sont tes références bédéphiles en général ?
Mes références sont vraiment tout ce qui touche au noir et blanc, tout ce qui est contraste polaire. J’ai évolué quand j’étais à l’école avec Mike Mignola, j’ai découvert les rythmes, grande révélation (rires). J’adore également le travail d’Eduardo Risso sur 100 Bullets et celui du regretté Bruno Le Floc’h qui m’a beaucoup influencé. Plus récemment, j’ai découvert Brüno et son duo avec Fabien Nury, je suis attiré par ce style de graphisme. J’ai découvert le travail de Brüno après avoir fait mon cahier graphique et là je me suis rendu compte de similitudes entre nous même si je pense que j’ai un trait un peu plus sec.
Et en ce qui concerne tes références liées à la piraterie ?
Je ne suis pas spécialement attirée par ce thème, c’est plutôt mon éditeur qui est passionné par cela. Il m’a proposé de mettre en scène Lolonoa, un pirate de chez nous en Vendée. Les éditions Beaupré éditent beaucoup de beaux livres, pas forcément des BD, sur l’univers de la mer et l’architecture locale. Je me suis beaucoup documentée, je pense par exemple aux travaux de Hervé Retureau sur la pêche à la morue qui marque le point de départ de mon album. Cela m’a aidé à deviner et comprendre qui a pu être Lolonoa parce qu’il ne pouvait pas devenir amiral des pirates et ne pas être navigateur à la base, pour naviguer dans ces mers-là il fallait quand même un minimum de savoirs. Être Terre-Neuvas a fait de lui un grand marin. C’était très historique et très froid comme documentation et je n’arrivais pas à trouver le point d’accroche émotionnel, jusqu’à lire Carmen Boullosa qui est une poétesse et romancière mexicaine connue. C’est l’atmosphère dont j’avais besoin et que j’avais envie de retranscrire.
Mathieu Lauffray signe la préface de ce premier tome. Comment cela s’est-il passé ?
Mon éditeur et Mathieu Lauffray se connaissent, ce dernier a d’ailleurs illustré la couverture du dictionnaire des flibustiers des Caraïbes édité par les éditions Beaupré. La préface s’est faite un peu au dernier moment, on ne s’y attendait pas du tout. Mathieu a appelé mon éditeur un soir en lui disant qu’il aimerait faire la préface de mon album. C’est un super honneur d’avoir une telle préface pour mon premier album, surtout que cela fait dix ans que j’ai quitté l’école Pivaut et à l’époque je me rappelle que Mathieu Lauffray faisait partie de nos grandes références.
Lolonoa est un pirate ayant existé, comment t’es-tu inspiré de sa vie ? As-tu dû faire des choix pour la trame du récit ?
Nous avions des pistes par rapport à Exquemelin et vis-à-vis des recherches historiques sur le monde de la flibuste de Carmen Boullosa. Voltaire s’est également intéressé à la question. En recoupant les informations que l’on avait, on a essayé d’imaginer ce qu’aurait pu être la vie de Lolonoa. Par exemple, pour les contrats d’engagement, cela paraît plausible qu’il soit parti de La Rochelle par ce biais-là. Mon éditeur a été jusqu’en Espagne pour aller chercher des informations, c’était un véritable jeu de pistes.
Tu es autrice de BD mais tu as également la double casquette de journaliste puisque tu participais il y a encore peu de temps à une émission sur TV Vendée. Ces rencontres avec d’autres auteurs t’ont-elles apporté quelque chose professionnellement parlant ?
La conception de Lolonoa était déjà faite avant que je travaille pour TV Vendée, les rencontres que j’ai faites n’ont donc pas impacté sur mon travail pour cet album. On est tellement dans notre bulle quand on réalise un album que c’est super enrichissant de rencontrer d’autres auteurs et découvrir leur travail. Aujourd’hui il y a de plus en plus d’auteurs qui sont uniques, qui ont leur style propre.
Lolonoa était annoncé initialement en trois tomes, qu’en est-il ?
Au démarrage, mon éditeur voulait faire une série ou un cycle avec Lolonoa. Personnellement je lui ai dit que c’était compliqué de m’investir sur le long terme. Je préférais que l’on fasse une bande dessinée qui puisse se suffire à elle-même avec un one-shot et éventuellement donner des ouvertures pour continuer. En 54 pages il est compliqué d’aborder toute la vie de Lolonoa. Si suite il y a, le ou les prochains album(s) pourrai(en)t traiter les ellipses que j’ai choisies au fil du récit.
Des projets perso à venir ?
Mon trait est en perpétuelle évolution depuis que je dessine, j’ai commencé mes premières planches à l’âge de 9 ans. Mon défi serait de tenir le rythme sur un an. J’ai eu une révélation par rapport à une BD, Sous le feu corse, que j’ai chroniqué pour TV Vendée. C’est un album qui a demandé un travail de journaliste et c’est ce qui m’attire, il a tellement de sujets à aborder. Il y a un thème qui m’intéresse mais pour l’instant le projet est en gestation. Ce sera un sujet très féminin. A suivre…
Merci à vous d’avoir répondu à nos questions.
Propos recueillis par Nicolas Vadeau.
Interview réalisée le 28 octobre 2017.
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