© 2023 Editions Delcourt

• Titre(s) : Tome 1
• Scénariste(s) : Keanu Reeves & Matt Kindt
• Dessinateur(s) : Ron Garney
• Coloriste(s) : Bill Crabtree
• Couverture : Rafael Grampá
• Editeur(s) : Delcourt
• Collection : Contrebande
• Parution : Mars 2023
• Prix : 16,95 €
• EAN : 9782413045144

Pour ses missions les plus périlleuses, l’armée américaine possède une arme secrète restant en dehors des radars, un homme mystérieux et invincible appelé « D ». Capable des exploits les plus insensés et des actes les plus barbares, son origine reste un mystère que certains aimeraient percer pour produire davantage de guerriers de ce type. D, lui, accepte de mettre sa rage et ses pouvoirs au service des Etats-Unis, tout en servant de cobaye, en échange d’une promesse : trouver le moyen de le rendre mortel…

« Je travaille avec vous depuis un an. Je sais que vous n’êtes pas un dieu. Je ne crois pas aux dieux. Je ne vous vénère pas. Je ne vous crains pas. Je ne veux rien de vous.
– Tout le monde veut quelque chose. »

Précédé d’une très flatteuse réputation née de ventes records lors de sa première publication sur le marché américain, BRZRKR débarque avec l’aura de son créateur, l’acteur Keanu Reeves. A l’origine de ce projet auquel il collabore directement, et même s’il n’est pas la première star hollywoodienne à le faire si l’on se souvient encore de Nicolas Cage et de son Voodoo Child, le héros de la saga John Wick s’offre une aimable distraction et surtout un rôle sur mesure puisque, en plus de voir le personnage principal lui ressembler fortement, il l’incarnera dans une adaptation à venir sur Netflix (en plus d’une série animée) qu’il pourrait lui-même réaliser. Difficile d’être plus impliqué… Au-delà de ça, qu’en est-il vraiment de ce premier album ? Difficile d’émettre un jugement définitif, tant cela ressemble à un long prologue mettant en place son protagoniste majeur et son passé. Associé au scénario, Matt Kindt ne s’embarrasse pas de psychologie et multiplie les scènes d’équarrissage sur deux époques, les démembrements sauvages ou autres énucléations guillerettes prenant le pas sur tout autre aspect du récit. Le tome se complait trop dans cette violence débridée et assumée que Ron Garney sait mettre en scène avec un vrai talent, tandis que son exploitation par des militaires sans scrupules manque franchement d’originalité. Il faudrait que la suite s’éloigne de ce caractère basique pour sortir du lot et offrir des perspectives plus matures.

Hormis la caution d’un grand nom du cinéma d’action, une série qui peine à émerger des flots d’hémoglobine qu’elle brasse sans finesse.

Arnaud Gueury