
© 2020 Futuropolis
Titre : Black Badge
Scénariste : Matt Kindt
Dessinateur : Tyler Jenkins
Coloriste : Hilary Jenkins
Éditeur : Futuropolis
Parution : Mars 2020
Prix : 29€
Quatre jeunes scouts sont en voyage en Corée du Sud, subissant les quelques quolibets de leurs compagnons de route. Mais leur présence en Asie cache une bien étrange mission, celle d’infiltrer la Corée du Nord afin de localiser une personne en détention. Willy, nouveau venu dans la bande, comprend alors les implications des Black Badge, une unité d’élite chargée des sales besognes. Mais, avec le minimum d’informations sur leurs missions et des actions en toute illégalité, comment savoir s’ils œuvrent vraiment pour le bien-être du monde ? Habitués à ne poser aucune question, même sur la disparition d’un ancien camarade, les Black Badge vont peu à peu remettre en question leurs certitudes et leur hiérarchie…
« Tout ce qu’on a besoin de savoir, c’est qu’on a fait une bonne action. Personne ne peut faire ce qu’on fait. Personne ne peut aller où on va. Il faut rendre ce monde meilleur, et une chose est sûre, ce ne sont pas les adultes qui vont s’en charger. »
En partant d’une idée toute simple et assez excitante, à savoir des unités d’élite des Scouts qui seraient chargés de missions que les adultes ne peuvent pas accomplir et qui permettraient d’améliorer le monde, et qui aurait pu nourrir une série au très long cours à base de missions à travers la planète, Matt Kindt (Ether) dévie très vite sur les rouages mêmes de l’organisation. Le scénariste préfère imaginer les secrets qui entourent les Black Badge et d’autres équipes du même acabit, en développant paranoïa et complotisme. Cela permet, au fil des chapitres, de ne plus savoir à qui se fier et de plonger un peu plus profond dans les origines de l’unité. Traité avec sérieux, puisqu’il aborde frontalement des sujets tels que la loyauté, les conflits de générations et la jeunesse devant prendre à bras le corps les problèmes créés par les précédents générations, les auteurs savent aussi insérer un peu d’humour, mais leur grande réussite est de mettre l’accent sur des personnages bien écrits. On prend ainsi un réel plaisir à suivre leur évolution par petites touches, à l’image du très sympathique Willy. Le couple Tyler et Hilary Jenkins, qui avait déjà collaboré avec Matt Kindt sur Grasskings, déjà traduit chez Futuropolis, réalise des planches pleines de dynamisme et d’énergie, contribuant avec talent à cette longue et belle aventure pleine de rebondissements et de souffle.
Une immersion originale et divertissante parmi les troupes secrètes des Scouts.
Arnaud Gueury
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