
© 2019 Casterman
Titre : Bijou
Scénariste : Fred Bernard
Dessinateur – Coloriste : Loustal
Éditeur : Casterman
Parution : Septembre 2019
Prix : 19€
1898. Gregor Mc Gregor est las de chercher de l’or dans le Grand Nord canadien où ce qu’il a trouvé lui permet juste de faire une alliance. Avec son ami Jack London qui n’a guère plus de chance, ils décident de quitter le Yukon pour regagner les États-Unis. 1903. Inspiré par ses voyages dans les contrées sauvages, Jack devient célèbre à 27 ans avec son roman L’Appel de la forêt. Pendant ce temps, Gregor s’embarque pour un aller simple vers l’Afrique du Sud en compagnie d’Amélie Kanaille qu’il a rencontrée et séduite dans un bar de San Francisco. Il creuse dans les mines de diamants à l’Est de Pretoria alors que le peintre impressionniste Camille Pissarro est enterré à Paris. Au début, la bonne fortune n’est pas au rendez-vous et Amélie, qui s’ennuie beaucoup, rencontre un certain Max Roberto. Elle commence à vendre son corps en secret pour soutenir son amant avec lequel elle partira. 1907. Malheureusement pour elle, Gregor trouve le 11 février un diamant brut qu’il décide de faire estimer auprès de Pierre Paul Jack Zimnisky, le plus grand expert de New York. 1908. La taille du célèbre diamantaire Jim Bradymusch révèle un joyau de six carats et d’une pureté exceptionnelle. En souvenir d’Amélie, il l’appelle « Bellaciao ». Pendant un siècle, le bijou va se balader de mains en mains au gré des aléas de la vie de l’ensemble de ses propriétaires.
Suivre un bijou, en l’occurrence un diamant baptisé « Bellaciao », pourrait sembler de prime abord être une activité ennuyeuse. Cependant la manière dont Fred Bernard (Jeanne Picquigny) nous raconte son histoire est tout à fait passionnante et surprenante. Sur une durée d’un siècle, le scénariste a imaginé des situations qui ont poussé les propriétaires à se séparer du précieux ou qui ont fait qu’ils l’ont perdu et par conséquent ont aussi amené ses transformations. Il y a dans l’ensemble de l’humour, de la fantaisie, de l’ironie et de l’amour aussi ! De plus, l’auteur nous fait voyager et, de façon sporadique, des événements de l’Histoire bien réels sont posés pour donner des repères mais aussi pour ajouter un intérêt supplémentaire à la lecture. La structure du récit ainsi rendue est originale, d’autant plus que chaque séquence, marquée d’une année et d’un titre, est illustrée par une double planche. Ou plutôt sublimée par le truchement de quatre véritables toiles – deux par page – dont Loustal (Black Dog) a le secret. Des cases grand-format où la narration est en hors-texte afin d’en savourer pleinement l’interprétation graphique. Les couleurs y sont vives et au diapason des ambiances des différentes époques traversées. La saynète finale intitulée Memories est juste géniale et boucle finement la boucle. Une fois l’album refermé, le lecteur réalise que les choses n’ont réellement de valeur que celle que l’on veut bien leur donner. Car au final, le temps passe… vite. Et que reste-t-il une fois la lumière blanche atteinte ?
Un véritable petit bijou !
Stéphane Girardot
Réagissez !
Une réponse to “Bijou”
12 décembre 2019
Exposition Bijou chez Barbier & Mathon - La Ribambulle[…] Notre chronique de l’album est consulltable ici. […]