Titre : Winter Road
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Jeff Lemire
Éditeur : Futoropolis
Parution : Septembre 2016
Prix : 28€
Pendant l’hiver glacial canadien, les jours s’écoulent et se ressemblent pour Derek, ancien joueur professionnel de hockey à la retraite forcée. Après un comportement jugé trop agressif pendant les matches, Derek a dû raccrocher. Depuis il travaille dans le restaurant que sa mère lui a laissé à sa mort. Dépressif et seul, il mène une vie totalement vide et dépourvue d’intérêt, hanté par son histoire familiale. Boire et regarder les matches au seul bar de la ville sont désormais ses principales occupations. Seul Ray, policier de la ville et ami de longue date, essaie de lui redonner le goût de la vie et un chemin de conduite raisonnable. Mais Derek ne l’entend pas de cette oreille. Alors, il passe ses nuits soit dans la cellule du poste de police pour dormir et dessaouler, soit à la patinoire de hockey… Mais voilà qu’un matin et après des années d’absence sans donner de nouvelles, sa sœur revient au bercail. Derek très surpris mais profondément attendri par l’arrivée de Bethy se voit investi de la plus importante et de la plus belle mission de sa vie… Renouer avec sa jeune sœur junkie et la protéger d’une vie trop ressemblante à la sienne. Derek doit faire des choix et prendre soin de Bethy. Il va devoir lutter pour que la vie l’emporte cette fois…
Quel album ! Quelle lecture intense ! Quel récit ! L’histoire du héros est menée par une main de maître, Jeff Lemire. Jeune auteur canadien qui publie son troisième album aux éditions Futuropolis, il prouve ici son réel talent de scénariste avec cette histoire brutale, intrigante et un défilé d’images très cinématographique. Par ailleurs, le choix pour l’auteur de dessiner uniquement en noir et blanc illustre à merveille ce récit intimiste et cette atmosphère de fin du monde. Les dessins abruptes, avec des personnages au profil menaçant, les paysages enneigés splendides et les visages anguleux en gros plan démontrent une technique maîtrisée. Ces deux cent quatre-vingts pages ne sont pas alimentées de grandes tirades mais il semblerait qu’il est inenvisageable de quitter ce roman graphique avant la fin. Les vignettes silencieuses permettent d’installer une ambiance bien particulière, celle des grands espaces canadiens quelque peu angoissants. On ne sort pas indemne de cette lecture digne d’un film noir américain.
Un récit prenant et bouleversant à découvrir absolument.
Laurence Dhô
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