Titre : La Vie hantée d’Anya
Scénariste – Dessinatrice : Vera Brosgol
Éditeur : Rue de Sèvres
Parution : Août 2019
Prix : 16€
Alors qu’elle peine déjà à s’intégrer, depuis que sa famille a rallié les Etats-Unis, à cause de ses origines russes, de ses rondeurs contre lesquelles elle lutte ou d’un nom imprononçable pour ses professeurs, Anya Borzakovskaïa chute par accident au fond d’un puits. La simple crainte de ne pas être retrouvée à temps se double vite de la découverte d’un squelette… d’où émerge le fantôme d’une jeune fille de son âge, morte depuis plusieurs décennies. Ravie d’avoir enfin de la compagnie, Emily va la suivre hors du trou et lui apporter son aide pour tricher aux contrôles ou approcher le garçon qui lui plait. Mais sa spectrale amie va rapidement devenir encombrante et intrusive…
« J’ai fait… une mauvaise chute. Ça n’était pas douloureux, mais je ne pouvais ni bouger ni parler. J’ai eu très soif, puis je suis morte. Enfin, pas totalement, on dirait. »
Quelques mois après Un été d’enfer, un récit de souvenirs doux-amers partiellement autobiographique, les éditions Rue de Sèvres rééditent un album antérieur de Vera Brosgol, paru une première fois en France en 2013 chez Altercomics. Cette fois, bien que le personnage principal partage de nombreux points communs avec la dessinatrice russo-américaine, c’est une aventure plus fantastique et noire que l’on découvre. Par petites touches progressives, preuves d’une grande maîtrise de son intrigue, l’histoire vire d’une chronique adolescente plutôt classique où l’héroïne voit l’apparition d’un gentil fantôme qui lui change la vie positivement vers un thriller inattendu et inquiétant. Ce changement de ton illustre parfaitement la maturité que gagne Anya au cours du scénario, cette naïveté qu’elle abandonne pour mûrir et ces poids qui l’empêchaient de s’intégrer pleinement. Pour illustrer ce bel album, Vera Brosgol utilise la technique qu’elle a affinée dans le domaine de l’animation et qui offre quelques séquences très réussies. Son trait clair en noir et blanc et ses trames de gris donnent un ton adéquat à l’histoire qui lui permettent de passer en une case de la légèreté à l’horreur.
Un formidable album qui saura surprendre.
Arnaud Gueury
Réagissez !
Pas de réponses à “Vie hantée d’Anya (La)”