Titre : Deuil atomique
Scénariste : Relom
Dessinateur : Damien Geffroy
Coloriste : Degreff
Éditeur : Delcourt
Collection : Machination
Parution : Mai 2021
Prix : 15,50€
Chissouane, tranquille petite bourgade, vivant au rythme de la centrale nucléaire qui emploie tant de locaux. Hélas, un tragique incident entraîne la mort de trois employés. En deuil, la ville leur rend hommage, tandis que les veuves se rapprochent dans ce drame et partagent leur malheur. Jusqu’à ce que le choc passe et laisse place à la colère. Odette, Gabrielle et Jasmine demandent la fermeture de la centrale et entament une manifestation sur le parvis de la mairie. Suite à une succession de quiproquos, médias et gouvernement vont avoir les yeux tournés vers cet événement. Traitées comme des activistes radicales, les « Veuves électriques » n’entendent pas rentrer dans le rang…
« Bon, en gros, on doit trouver un truc qui se situe entre taguer des abribus et perpétrer une tuerie de masse.
– Pfff, pas facile! L’écart est mince… »
Quelle régalade ! Grâce à cet album, on mesure toute l’influence que Wilfrid Lupano a pu avoir sur son compère Relom au cours de leurs productions précédentes, le dessinateur ayant sans doute beaucoup participé à la création de Traquemage. Car l’intrigue de cette nouvelle série est prétexte à une quantité de bons mots, de situations ubuesques, de satires hilarantes, absolument prodigieuse ! Dès les premières pages, et l’accident fatal, le ton est donné : en voyant les trois employés mourir sur une blague digne d’un carambar, on comprend que le sujet, aussi sensible soit-il, sera traité avec un humour féroce qui n’empêche pas d’égratigner qui que ce soit. Politiciens déconnectés – la ministre de l’écologie prenant l’avion pour un court déplacement, ce président de la République « chahutant » avec un garde du corps rappelle quelqu’un, mais qui ? – journalistes aux débats orientés, forces de l’ordre zélées, tout est là. Plutôt classique dans le fond et tellement évident quand on gratte un peu les actualités, mais Relom le fait si bien qu’il est impossible de ne pas rire de bon cœur au fil des mésaventures de ces trois héroïnes déterminées qui semblent être les seules lucides. Mention également à l’excellent Brendan, pris entre sa battante de mère et le respect à son employeur. Visuellement, Damien Geffroy (Village global) fait un sans faute d’un trait qui sait allier rigueur réaliste dans ses décors et semi-réalisme dans ses personnages, tous plus attachants et expressifs les uns que les autres. Sa manière d’appuyer les traits d’esprit de son scénariste est incroyable et apporte un plus indéniable à l’ambiance aigre-douce de cet album.
Une satire corrosive et hilarante pour ce gros coup de cœur du moment !
Arnaud Gueury
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