Titre : Le Ventre de la hyène
Scénariste : Clément Baloup
Dessinateur : Christophe Alliel
Coloriste : Sebastian Facio
Éditeur : Le Lombard
Parution : Juin 2014
Prix : 19,99€
Dans les toilettes d’une boîte de nuit marseillaise, Talino prend une décision lourde de conséquence pour la suite de sa vie. En effet, il a fermement l’intention de retrouver son frère Anouar dans la cité phocéenne et de se débarrasser de l’emprise qu’il a sur lui depuis sa plus jeune enfance. Pour comprendre le chemin parcouru par ces deux frères depuis l’Afrique sub-saharienne, il faut remonter le temps et retourner là où tout a commencé : dans leur village natal. Alors qu’Anouar semble n’avoir peur de rien, son petit frère Talino, lui, est plus craintif. Une nuit, Anouar décide de le mener chez le sorcier du village afin qu’il lui ôte cette couardise viscérale. Par le truchement d’un sortilège, il fait des deux frères deux grands guerriers puissants et cruels que nul ne pourra blesser ou atteindre à condition qu’ils restent ensemble. Leurs ennemis les craindront comme l’on craint une meute de hyènes sauvages. Mais le lendemain, l’oncle de Talino, qui s’occupe d’eux, lui apprend qu’Anouar est parti travailler et qu’il a ainsi pu rapporter de l’argent pour la famille. Dès lors, leur chemin sera pavé de sang, de violence et de drames.
Le Ventre de la hyène est un récit initiatique qui vous prend aux tripes du début à la fin. Les deux auteurs du Zarmatelier (que l’on surnomme Les Zarmen) souhaitaient collaborer ensemble depuis un certain temps et ils ont laissé mûrir le projet pour nous offrir ce magnifique album. Et ce n’est une surprise pour personne s’il commence et finit à Marseille. Chacun d’entre eux est allé au-delà de ce qu’il faisait précédemment tout en s’appuyant sur une expérience passée déjà riche. Clément Baloup (Mong Khéo) a ainsi écrit une histoire beaucoup plus crue au regard de ces précédentes productions. Sans donner de lieux, ni de dates précises, le scénariste nous plonge dans des événements faisant penser à des conflits malheureusement d’actualité, comme ceux du Mali ou de la Syrie. De plus, l’auteur a su placer les nombreux flashbacks ainsi que la légende à propos de la hyène aux bons moments. De fait, le lecteur n’est jamais perdu et reste toujours dans une dynamique de lecture fluide. Graphiquement, l’album est époustouflant. Christophe Alliel (Spynest) a réalisé des planches qui vous immergent complètement dans cet univers de violence. Son trait dynamique a gagné en maturité et le dessinateur nous gratifie de magnifiques illustrations pleine page, surprenantes et empreintes des ambiances de ses pérégrinations personnelles en Asie. Cet album est une véritable réussite autant qu’un choc. Mais aussi, et surtout, une prise de conscience en ce qui concerne les enfants soldats et leurs enfances volées.
Á ne manquer sous aucun prétexte.
Stéphane Girardot
Réagissez !
Pas de réponses à “Ventre de la hyène (Le)”