- Titre(s) : La Venise des Louves
- Scénariste(s) : Aurélie Wellenstein
- Dessinateur(s) - Coloriste(s) : Emanuele Contarini
- Editeur(s) : Drakoo
- Parution : Janvier 2024
- Prix : 14,90 €
- EAN : 9782490735181
Voilà plusieurs années maintenant que Venise vit au rythme des attentats qui ont totalement transformé la cité lacustre. Isolés dans la ville, les survivants sont à la merci des gondoliers venant leur soutirer des offrandes en échange d’une paix relative. Pour Renzo, ancien pianiste ayant perdu une main lors d’une attaque kamikaze, le moment est venu d’agir pour mettre un terme à ce règne de la terreur. Avec ses « Louves », quatre femmes ayant elles aussi subi les effets pervers et dévastateurs des bombes, il décide de passer à l’action pour percer le secret des gondoliers et retrouver sa liberté…
« Tu es restée dans une mauvaise alternative. Je suis là. Tu es là. On est vivants. Tout va bien.
– Je suis morte ce jour-là. L’attentat. Le masque que tu m’as donné, il cache juste ma tête de morte…. »
Comment donner vie à tout un univers baroque et singulier en seulement 46 pages, tout en développant une demi-douzaine de personnages importants dans une intrigue qui doit à la fois présenter les enjeux, les faire évoluer et les résoudre ? Eh bien cela semble impossible, même pour un écrivain de talent. On sent bien qu’Aurélie Wellenstein fait tout son possible pour rendre son récit fluide et accrocheur, ce qu’elle réussit avec brio. Mais brasser autant d’éléments dans un cadre aussi original et unique, avec beaucoup de choses à dire et d’émotions à faire passer, est un défi insurmontable. Supprimer quelques protagonistes ou alléger le ton surnaturel de ce monde lui aurait ôté tout son cachet, ce qui n’aurait pas été une bonne solution. On doit alors se contenter de survoler des héros pourtant attachants malgré le peu de place qui leur est accordé et plonger sans préambule dans un cadre étrange et agréablement bizarre. Les très bonnes idées s’enchainent à un rythme survolté (la relation atypique entre Renzo et les Louves, les effets variés de la bombe D et ses conséquences) jusqu’à un final qui répond à tout et met un terme sans équivoque à l’aventure. Emanuele Contarini parvient à donner vie à ce tourbillon avec talent et élégance, laissant là aussi le regret de ne pas avoir droit à plus dans cet univers qui le méritait.
Un one shot très dense qui, pour une fois, aurait gagné à se décliner en série.
Arnaud Gueury
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