Titre : Incantare
Scénariste : Jean-Pierre Pécau
Dessinateur : Jovan Ukropina
Coloriste : Hugo Sebastián Facio
Éditeur : Soleil
Parution : Août 2019
Prix : 14,95€
1938, Tchécoslovaquie. Après avoir fait sensation en jouant nue dans le film Extase de Gustav Machatý, Hedy Kiesler participe aux expériences menées par son mari, le riche marchand d’armes Friedrich Mandl, et les scientifiques nazis de l’Ahnenerbe. Toutefois, la jeune actrice profite d’une nouvelle démonstration pour prendre la fuite vers Londres, où une rencontre avec le puissant producteur de cinéma Louis B. Mayer va lui ouvrir les portes d’Hollywood, non sans avoir attiré l’attention des frères Ian et Peter Fleming qui vont lui en révéler beaucoup sur son pouvoir. Quelques mois plus tard, aux Etats-Unis, celle qui se fait dorénavant appeler Hedy Lamarr a décidé de mener ses propres expériences alors que la guerre plane en Europe…
« Le Führer ne va pas bien, il fait des cauchemars. Presque toutes les nuits, il se réveille en hurlant et en sueur. Il parle de l’Homme Nouveau, il l’aurait vu et il serait terrifiant. »
Dans un savoureux tourbillon mêlant avec bonheur la grande Histoire, le destin de plusieurs personnages réels ayant fait les grandes heures du cinéma hollywoodien (Hedy Lamarr, Howard Hughes, Louis B. Mayer, Peter Lorre et indirectement Ian Fleming) et une fantaisie à mi-chemin entre uchronie et aventure paranormale, Jean-Pierre Pécau écrit un premier tome flamboyant et audacieux qui s’offre les plus grands rôles de son époque, parsemant même son texte de quelques citations exactes. L’exercice n’est bien sûr pas si original puisque cette période trouble a inspiré tant de récits imaginaires ou réalistes qu’il est impossible de les lister, mais son scénario, solide et documenté, soulève l’enthousiasme d’un début réussi. Son entente avec l’excellent Jovan Ukropina, déjà éprouvée sur les trois tomes de l’adaptation de 1940 – Si la France avait continué la guerre, ne laissait pas de doute sur l’harmonie entre le récit et sa concrétisation. L’artiste serbe prend l’histoire à bras-le-corps et s’approprie à merveille l’ambiance et les héros, jouant de la sensualité exacerbée et assumée d’Hedy Lamarr – décidément à l’honneur ces derniers temps, par la parution de la BD La Plus Belle Femme du monde chez La Boite à bulles, de plusieurs documentaires et de la reconnaissance tardive de son invention d’un système de communication à l’origine du GPS et du wi-fi – ou de son comparse pilote Lucy Lang, tout autant que de l’expressivité unique et inoubliable du grand Peter Lorre.
Une des plus délicieuses lectures de cette rentrée !
Arnaud Gueury
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